« Est-ce que ce sont les temps qui sont troublés ou bien nous qui ressentons du trouble dans ce temps de contagion virale? »
La question mérite toute notre attention.
Si ce sont les temps qui sont troublés du fait de la contagion virale due au Covid 19, alors les temps deviennent un danger, voire une menace, et il nous faudrait coûte que coûte fuir ou lutter, échapper ou faire la guerre. A défaut, nous devrions subir notre sort. Voilà comment nous nous rendons dépendants de facteurs qui nous échappent et « les temps » deviennent occasion d’utiliser nos « vieux » automatismes défensifs : fuir, lutter, subir.
Inversement, si c’est nous qui nous sentons troublés, alors nous pouvons faire un bon usage de la logique émotionnelle : ce ressenti vient nous interpeller sur nos actions, nos pensées, nos gestes, notre façon d’être présent dans la situation. Il ne s’agit pas de la nier ou de la dramatiser, mais de regarder ce qui est de notre ressort face à cette situation.
Un bon usage, c’est déjà se poser la question du « comment je fais déjà ? » Comment je me conduis ? Comment je me comporte vis-à-vis de mon désir naturel et essentiel de santé, de sécurité intérieure ? Comment je prends soin de moi ? Quelles sont mes pensées automatiques et donc spontanées et irréfléchies ? Que disent-elles de mes habitudes de survie ?
A ces questions, premières car nous ne pouvons échapper à notre propre désir d’existence, nous ajouterons alors, comment je me conduis avec mes proches, puis mes moins proches, la collectivité. Car nous ne pouvons agir qu’à partir de ce qui est présent en nous. Et cette connaissance nous permet de nous ouvrir aux autres, aux plus fragiles bien sûr, aux plus émotifs aussi.
Comment je m’informe, comment j’évite certaines informations, comment je me protège, comment je me nourris, et de quoi ? Comment je respecte ou pas les consignes ? Autant d’attention portée sur nos façons de répondre à la situation, perçue par nos sens et filtrée par nos représentations et nos fictions, qui nous aidera à entrer dans le réel, dans la conscience de nos habitudes défensives et de l’erreur à se penser à l’aune de nos peurs.
Non, nous n’avons ni à subir, lutter, dépasser ou nier, que ce soit la situation ou nos peurs !
Nous pouvons agir dans le respect de la logique du vivant, entendre notre désir naturel de sécurité et lui accorder toute sa valeur, pour nous-mêmes et notre communauté.
Prenons soin de nous et donc des autres. Telle est notre responsabilité, modestement.
Catherine Aimelet Périssol et Sylvie Alexandre Rochette