Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

A propos de nos sensations

La LE fait appel à la sensorialité immédiate pour comprendre comment, en percevant un événement à l’extérieur de soi, nous éprouvons un phénomène à l’intérieur de soi, décrit comme une sensation. Celle-ci en en écho avec ce qui se passe à l’extérieur notamment par l’effet de la fonction mimétique des neurones dits miroirs, présents dans la profondeur de notre cerveau, et par nos automatismes vitaux, déclenchés juste au dessus de la moelle épinière.

Ces neurones seraient responsables du mimétisme, très étudié par René Girard sur le plan des comportements en collectivité et par Jean-Michel Oughourlian, neuropsychiatre, qui ont coécrit avec Guy Lefort, Des choses cachées depuis la fondation du monde, ouvrage paru aux éditions Grasset en 1978. Le fait de sentir en soi à partir des perceptions hors de soi dans un processus d’écho ou de mimétisme donne sens à la réactivité émotionnelle qui s’opère ensuite de façon automatique.

La LE fait aussi appel à la mémoire sensorielle.

Voici ce qu’en dit Joseph Ledoux, professeur en neurobiologie, dans son dernier ouvrage, Synaptic Self, paru en 2002 : la remémoration consciente est le type de mémoire que nous avons à l’esprit lorsque nous parlons habituellement de la « mémoire ». Se rappeler c’est être conscient d’une expérience antérieure, et présenter des troubles de la mémoire c’est avoir un problème avec le rappel d’un événement ou d’une information que nous savons pourtant avoir précédemment vécu ou su.

Mais il existe un système de mémoire différent qui garde le souvenir des situations dangereuses ou du moins menaçantes. Cet apprentissage du danger met en relation directe nos perceptions sensorielles avec nos réponses comportementales. Il ne dépend pas de la conscience et nous n’avons aucune emprise sur lui ni un accès conscient à sa véritable nature.

En fait, normalement, les deux systèmes de mémoire fonctionnent simultanément. La mémoire consciente apporte le contexte factuel d’un événement (ce que nous pouvons analyser intellectuellement, sans en éprouver le ressenti) et la mémoire inconsciente donne le relief sensoriel à ce contexte (les manifestations physiques, émotionnelles).

En dehors de l’immaturité de la mémoire consciente en période prénatale, les causes d’un éventuel dérèglement de ce fonctionnement sont multiples mais la principale semble être la peur elle-même. Bruce McEwen, éminent chercheur sur la biologie du stress, a mis en évidence qu’une peur brève mais intense entraîne un appauvrissement en dendrites des neurones activés par cette peur dans l’hippocampe. Les dendrites, parties réceptrices des neurones, sont des acteurs majeurs dans la formation de la mémoire consciente.

Les dégradations sont réversibles si la peur ne dure pas mais les dendrites sont définitivement endommagées, laissant les neurones isolés, si la peur se prolonge. Dans ce cas, le souvenir conscient à l’origine de la peur devient inaccessible. Lorsque la peur se manifeste, il ne subsiste alors aucune piste pour en retrouver consciemment le point de départ.

Et la manifestation sensorielle de la peur reste, de fait, la seule trace qui puisse, éventuellement, permettre de remonter jusqu’à l’événement d’origine et de le désactiver consciemment. En ce sens, des signaux de forte intensité (des sensations physiques fortes reproduites consciemment, par exemple), en ciblant les neurones qui ont été isolés par des dendrites endommagées, peuvent réactiver l’activité de ces neurones et permettre ainsi la restitution consciente de la mémoire.

Par ce mécanisme, on peut imaginer, un peu comme un sourcier s’approche d’un point d’eau avec sa baguette, qu’en remontant consciemment au plus fort de la manifestation sensorielle de la peur et en la revivant pleinement et avec consentement, on puisse la désamorcer en « reconstruisant » l’accès endommagé aux neurones concernés. Dans ce cas, la mise en conscience ne porte plus sur le souvenir mais sur la ré-expérimentation (volontaire et sécurisée) de la peur. Il s’agit là, très probablement, du mécanisme qui sous-tend notre approche.

* Quelques lectures qui étayent le processus de Logique Emotionnelle :

Henri Laborit : tous ses ouvrages et particulièrement L’éloge de la fuite, La Nouvelle Grille

Antonio R. Damasio : L’autre moi-même – Les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions, Paris, Odile Jacob, 2010.

Lionel Naccache : Le nouvel inconscient – Freud, Christophe Colomb des neurosciences, Paris, Éditions Odile Jacob, coll. « Sciences », 2006.

A suivre…

A propos de nos perceptions

La neuro-imagerie explique le processus de la Logique Emotionnelle® : celle-ci fait appel à la fonction mimétique des neurones dits miroirs et à nos capacités intéroceptives

L’ensemble des articles concernant nos perceptions étudie la perception dans sa dimension à la fois philosophique, cognitive et neurosensorielle. La neuro-imagerie est venue considérablement préciser comment se passe le processus qui permet l’intériorisation des informations externes et internes (venant du reste du corps). Les ouvrages de Lionel NACCACHE*, neurologue et chercheur en neurosciences, permettent de mieux saisir ce phénomène. Où l’on comprend que les informations perçues sont à la fois vraies et fabriquées…

Le lecteur pourra aussi découvrir les travaux de Sémantique Générale d’Alfred KORZIBSKI, qui mit en évidence les notions d’Inférences, de filtres anatomiques et psychiques. « Le mot n’est pas la chose » ou « ceci n’est pas une pipe » écrit sur le tableau de Magritte représentant une pipe, sont déjà un bon début pour voir autrement ce que nous sommes convaincus de voir pour de vrai !

Cette dynamique est le « sujet/ objet » sur lequel travaillent de nombreux chercheurs. Les neuroscientifiques maillent de plus en plus leurs recherches avec les chercheurs en sciences humaines.

Dans son ouvrage paru en 2006 (Le Nouvel Inconscient), Lionel NACCACHE propose aussi une lecture passionnante sur l’inconscient : celui-ci sort de la seule dimension freudienne pour s’étendre à de nombreux processus cérébraux cognitifs.

L’inconscient neurologique est un vrai inconscient, tandis que celui du père de la psychanalyse traduit le fourmillement du conscient psychique, formidablement doué pour créer de la fiction riche de sens, notamment par les mécanismes inconscients de construction de nos représentations à partir des informations mémorisées et bel et bien vivaces en soi. C’est seulement dans un deuxième temps que nous prenons conscience de nos représentations. Lionel NACCACHE « Le Cinéma Intérieur » 2020.

La Logique émotionnelle s’appuie sur ces constatations. L’écoute en résonance des perceptions et des sensations permet ainsi de révéler et de faire advenir à la conscience des mouvements perçus de l’extérieur et leurs effets sensoriels en soi à l’origine des émotions.

Le travail LE se situe à l’interface entre inconscient sensoriel, non pas refoulé mais informant en deçà du seuil de la conscience, et conscience cognitive, non pas « défoulée » mais informant du jeu vital que nous ne cessons de mettre en œuvre en interprétant et en fictionnant notre monde.

Le besoin de réalité d’être

Il consiste à être en harmonie intérieure en accordant du sens à la situation telle qu’elle est perçue …et à l’origine de son initiative personnelle. Là encore, le besoin de réalité d’être allie deux polarités apparemment opposées : statique pour conserver le sens et l’ordre harmonieux en soi et dynamique pour évoluer dans la situation.

La réalité de son être est la somme du besoin de sécurité structurelle et du besoin d’identité relationnelle. Le produit de cette somme est donc différent des deux besoins mais les contient dans son appel existentiel. Elle est une alliance entre le corps qui se défend pour exister et le corps en relation qui tient compte des autres pour aussi exister.

Cette alliance tend à mettre en accord l’ensemble du système nerveux face à une situation perçue comme complexe : le cerveau reptilien qui répond de la vie, le cerveau limbique qui en mémorise les moyens dans l’espace social et le cerveau néocortical qui anticipe les solutions pour poursuivre la vie de façon sensée.

Donner au passé sa juste place pour agir en conscience au présent

L’émotion est un langage universel, même si les cultures diffèrent.

Le tout petit bébé le connaît instinctivement. Mais, sous l’impact de l’éducation, de la socialisation et d’événements déstabilisants, nous en avons perdu l’usage. Heureusement, celui-ci revient au fur et à mesure que nous nous exerçons.

Quand nous comprenons ce que la peur, la colère et la tristesse nous disent, quand nous réalisons que nos comportements d’évitement, d’agressivité ou de soumission s’adressent à nous pour nous inviter à questionner nos automatismes et nos croyances, alors nous nous libérons de notre passé pour agir en conscience au présent.

Oser être soi passe par la reconnaissance du fonctionnement de notre réalité. L’aveu à soi-même de notre vulnérabilité, de notre impuissance à être parfait, à être autre que ce que nous sommes, fera alors écho à la richesse de notre potentiel.

L’émotion, avec les nombreux symptômes qui l’accompagnent, se manifeste dans un écartèlement entre un « ce dont j’ai besoin pour être intègre » et un « interdit au nom de l’autre ». Nos réactions de défense tentent de combler, dans l’urgence, cet écart qui menace la vie. N’en restons pas à ces réactions automatiques et coûteuses sur notre équilibre !

Mon oncle d’Amérique

Mon oncle d’Amérique est un film français réalisé par Alain Resnais, réalisé en 1979 et sorti en 1980

Synopsis :

Le professeur Henri Laborit intervient au cours de trois récits entremêlés pour expliquer ce que nous savons aujourd’hui du comportement humain :

Jean Le Gall, issu de la bourgeoisie, ambitieux, mène une carrière politique et littéraire. Pour la comédienne Janine Garnier, il abandonne sa femme et ses enfants. Janine a quitté sa famille, de modestes militants communistes, pour vivre sa vie. À la demande de la femme de Jean, qui prétend être malade et condamnée, elle le quitte, puis devient conseillère d’un groupe textile où elle doit résoudre le cas difficile de René Ragueneau, fils de paysan, catholique, devenu directeur d’usine.

Le film se déroule en permanence sur trois niveaux : l’histoire racontée, les représentations mentales des protagonistes influencées par le cinéma et par leurs souvenirs propres, et des images d’expérience sur les rats n’ayant pas de rapport évident sur le moment, mais qui deviennent éclairantes sur le comportement des personnages à la fin du film.

Selon Laborit, la conduite est réglée par quatre éléments : la consommation (boire, manger et copuler), la gratification, la punition (avec pour issues la lutte ou la fuite) et enfin l’inhibition de l’action.

Il reprend la théorie de Paul D. MacLean des trois niveaux cérébraux (ou « cerveau triunique », qui guidait la réflexion neuroscientifique à l’époque) :

  • Un cerveau reptilien, commun à tout le règne animal, qui assure nos réflexes de survie et qui dirige notre comportement de consommation ;
  • Un deuxième « cerveau », le cerveau limbique, commun à tous les mammifères, celui de la mémoire, qui guide notre comportement de récompense : il nous fait fuir les expériences que l’on a connues douloureuses (Chat échaudé craint l’eau froide) et agir pour rechercher le plaisir. Si toutes les issues sont bouchées, l’inhibition de l’action provoque le stress et déclenche des maladies ;
  • Notre troisième « cerveau », le néocortex, plus développé chez l’espèce humaine, permet d’associer des idées provenant d’expériences différentes plus abstraites. Il ne nous sert hélas bien souvent qu’à tenir un discours qui permet de justifier nos deux premiers comportements.

Le néocortex devrait nous permettre de comprendre que ces deux premiers cerveaux n’instaurent que des comportements de domination entre les hommes. Or l’homme n’est fait que de son contact avec les autres hommes. Ne pas être conscient qu’il faut au moins canaliser les instincts de domination (puisque nous ne pouvons les éliminer) ne peut conduire qu’au malheur individuel et collectif. Ainsi, selon Laborit qui conclut le film, connaître ces mécanismes ne permettrait certes pas de les éliminer, mais au moins de les utiliser pour faire autre chose, de même que l’étude patiente des lois du mouvement n’a nullement supprimé la gravité, mais nous a permis néanmoins d’aller sur la Lune !

Source : Wikipedia

Extrait du film « Mon oncle d’Amérique« 

La liberté, c’est par là !

Comprendre ses émotions au lieu de les refuser est le début de la libération.

Dans l’émotion, deux voies s’offrent à nous :

Soit nous faisons la sourde oreille au message du crocodile et à l’intention vivante contenue dans l’émotion. Le « reptile » prend alors les commandes.

Soit nous prenons en compte le message et l’intention grâce à nos structures cérébrales plus récentes, notamment le néocortex. Nous écoutons alors l’intention intelligente du processus émotionnel et accueillons notre vulnérabilité. Cette information venue de notre être le plus intime et le plus fiable est là comme une invitation à stimuler notre créativité pour nous adapter à la situation dans le respect de soi et des autres, autrement que sous la pression des réactions défensives.

Les émotions nous renseignent sur nos besoins fondamentaux, comme la faim et la soif nous informent sur nos besoins de manger et de boire. L’émotion a donc une fonction vitale. Le vrai danger, pour soi comme pour la collectivité, est de la nier, de la rejeter ou de la subir sans en entendre l’intelligence et sans inventer de nouvelles réponses adaptées. La considérer au contraire comme une information utile et chargée de sens, comme un message bénéfique – bien que douloureux – est le début de la libération qui ouvre sur le choix de l’action à mener.

Le besoin d’Identité

Pour se protéger de ce qui pourrait menacer, mais aussi pour mieux assurer les besoins de nourriture, les hommes se sont organisés en groupes.
Au sein de cette organisation, l’individu cherche à trouver sa place, alliant appartenance au groupe et recherche de distinction individuelle.
 
Le besoin d’identité va aussi s’organiser autour des deux polarités, statique et dynamique. L’identité est affaire de posture dans le monde relationnel, à commencer par la place que nous occupons dans le groupe, la reconnaissance que nous nous accordons, qui nous est accordée, et celle que nous accordons à notre entourage.
 
Les apprentissages, la communication participent à l’expression de notre identité. La colère et la réaction de lutte cherchent à défendre une identité qui a été blessée.
Là encore, c’est la sensation de tension et d’agressivité qui sert d’indicateur sur notre besoin en manque de satisfaction. Attention, il ne s’agit pas d’attendre de l’autre qu’il comble notre manque. Notre besoin ne concerne que nous face à l’autre …

Le besoin de sécurité

Il consiste à être sûr et confiant dans son abri pour pouvoir dormir sur ses deux oreilles… et libre de ses mouvements pour pouvoir se sortir des dangers de l’environnement.
Le besoin de Sécurité va donc s’organiser autour de deux polarités, l’une statique et l’autre dynamique.
 
La sécurité est affaire de structure dans le monde matériel, à commencer par notre propre structure corporelle, par nature vulnérable. Nous pouvons nous y fier comme un espace fiable puisqu’il nous envoie les informations dont nous avons besoin pour vivre.
 
Ainsi la faim quand nous avons besoin de manger, la soif quand nous avons besoin de boire, la peur quand nous avons besoin de créer de la sécurité, si nécessaire en prenant la fuite pour éviter le danger.
 
Ce sont donc nos sensations qui sont nos meilleurs guides pour nous signaler nos besoins en manque de satisfaction.

Nos émotions, une mine d’information

Nos émotions nous informent sur nos besoins et nos motivations.


En plus des besoins fondamentaux comme l’air, l’eau et la nourriture, nous avons d’autres besoins, moins primaires et néanmoins incontournables, pour préserver notre intégrité d’être.
 
En premier lieu le besoin d’être en sécurité dans notre environnement, mais aussi le besoin d’être identifié au sein de notre groupe social. Et enfin, un besoin plus personnel, celui de réalité d’être une personne singulière qui mène un projet. A eux tous, ils constituent le besoin fondamental d’intégrité, tant physiologique que psychique – homéostasie, en terme médical.
 
C’est dire si les besoins fondamentaux sont à l’origine de notre motivation et des sensations de satisfaction. Mais ils sont aussi à l’origine de nos frustrations et des sensations douloureuses de manque. C’est à ce moment là que se déclenche l’émotion racine, la peur, pour nous presser à pallier ce manque.

Comprendre l’émotion pour échapper à son emprise.

« Loin d’être un problème, l’émotion est une solution » *

Difficultés de communication, de motivation, dépendance, sentiments de solitude, culpabilité, angoisse, agressivité, stress…

Ces douleurs sont avant tout les témoins d’émotions mal comprises et débordantes. Or, la peur, la colère et la tristesse sont un langage intelligent. Connaître et comprendre ce langage, c’est se libérer de l’emprise que nos émotions ont sur nos choix et nos rencontres… 

La Logique Émotionnelle est le modèle biologique du fonctionnement et des mécanismes cérébraux qui régissent l’ensemble de nos comportements et de nos adaptations. Elle est issue des recherches de Catherine Aimelet-Périssol sur cette bio-logique que constituent les émotions, permettant à chacun de mieux connaître sa nature psycho-corporelle.

C’est aussi un processus thérapeutique où l’accompagnement par l’écoute fait émerger les capacités d’autoguérison qui caractérisent l’être vivant. Catherine Aimelet-Périssol en pose les grands principes dans « Comment apprivoiser son crocodile » en 2002 ; c’est en 2005 qu’elle choisit le nom de Logique Émotionnelle (LE) pour définir sa méthode.

Fondée sur les derniers développements des neurosciences et les travaux sur le stress d’Henri Laborit, la Logique Émotionnelle offre une connaissance du Soi bio-logique et non conscient qui permet de mieux saisir les enjeux psychologiques qui perturbent notre conscience.

La logique du vivant, dont le cerveau est le grand organisateur, modèle nos ressentis et nos comportements, si souvent commentés comme irrationnels par nous et dysfonctionnels par les autres.

Pratiquer la Logique Émotionnelle, c’est opérer un ralenti sur images et un zoom avant sur ce qui se joue de vital en nous, sous l’effet de nos émotions et de nos états d’âme. C’est ainsi accéder à plus de libre arbitre, tant dans nos choix que dans nos relations aux autres.

* Catherine Aimelet-Périssol

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Institut de Logique Emotionnelle - 9 rue d'Avron 75020 Paris

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