Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

Que dit la logique émotionnelle de l’alignement ?

Voilà que sonne l’heure de la rentrée, à la fois différente et toujours la même, avec son cortège de bonnes résolutions tissées par l’envie de faire autrement. Maison, travail, famille, amis, santé… tous les pans de la vie, ou presque, sont revus à l’aune des expériences et décisions estivales.
Comme une urgence à répondre enfin aux promesses oubliées, aux valeurs malmenées, aux signes négligés.
Dans le yoga que j’enseigne, cet impératif à suivre ce qui nous parait essentiel est illustré par le terme d’« alignement ». Et nous accompagnons volontiers le propos d’un geste de la main qui, partant du front, glisse en ligne droite jusqu’au sternum. Aligner mental et cœur, corps et esprit, terre et ciel.
Que dit la logique émotionnelle de l’alignement ?

Regardons le mot. « Aligner » vient du mot « lin ». Le terme s’est étendu de l’objet en lin au trait tracé. Sans précision de droiture. Pourtant, la première image mentale qui me vient est celle de quelque chose de droit, verticalement ou horizontalement. D’ailleurs, notre langage parle volontiers d’alignement des planètes (les unes derrière les autres), des chakras (les uns au-dessus des autres), des phrases (les unes après les autres) ou d’une politique (l’une en miroir de l’autre).
Mais cette représentation spatiale est-elle applicable au mot tel qu’il est utilisé dans le yoga ou dans toute pratique spirituelle ?
Cette idée d’un « tracé » implique-t-elle immobilité, inertie voire, puisque c’est aligné, que cela ne bouge plus ?

La LE nous rappelle que la force du vivant, c’est d’aller chercher un équilibre qui soit favorable à la vie.
« La nécessité d’être en équilibre est inscrite au plus profond de nos cellules » nous en dit Catherine Aimelet Perissol.

En effet, et sans que nous en ayons conscience, notre corps perd l’équilibre, cherche et le retrouve constamment puis tend à le conserver coûte que coûte. Ne serait-ce que physiquement pour, en bon bipède, tenir debout ce qui est l’aspiration naturelle du corps. Si nous prenons l’exemple de la marche nous voyons bien qu’il y a un mouvement qui nous fait passer d’un état de déséquilibre (sur un pied) à celui d’équilibre (revenir sur deux pieds).
L’un ne va pas sans l’autre : l’équilibre est un mouvement, une alternance dans le temps et non un état de stabilité fixe, tout comme la nuit ne va pas sans le jour ou le vide ne va pas sans le plein.
La pratique yogique ne saurait échapper à ce processus.
Lorsque nous cherchons à nous aligner c’est à partir d’une expérience éprouvée de perte d’alignement, d’une sensation corporelle ou d’un sentiment psychocorporel de désalignement. Nous pouvons nous sentir tiraillés, divisés ou encore oppressés : ces ressentis sont des signaux que le mental fait résonner au travers des mots et des pensées.
Mais à côté de tout ce que nous nous racontons «  quelque chose se passe en moi et m’invite à retrouver l’alignement… ». Comme un fil que nous reprenons là où nous l’avons laissé avant que le flux (ou la somme ? ) de nos habitudes nous pilotent (en mode automatique). Ce fameux fil de « lin » dont est tiré le mot « alignement » et qui, lorsqu’il est tissé, dessine un entrelacs. Nous pouvons alors voir l’alignement telle une trame nous conviant à regarder ce qui se vit. Une boucle un peu lâche ou trop serrée perturbe l’équilibre, l’harmonie d’un canevas identifié comme essentiel et favorable à la vie.

Retrouver un alignement est un mouvement dont le but est de nous faire sentir l’équilibre de ce tissage, non pour le garder et y rester toujours mais pour connaitre le chemin qui nous y conduit.

Caroline Wietzel

Vient de paraître : Le Guide Santé des Emotions

Quand Le Monde et La Vie s’associent pour parler de la Logique Emotionnelle, cela donne un hors série de la collection Sens et Santé intitulé : « Le Guide Santé des Emotions ». Vous y découvrirez près de 150 pages de présentation de la Logique Emotionnelle, extraites de « Ma Bible des Emotions », mises en valeur et illustrées de façon très pédagogiques. 
L’intention est clairement annoncée: comment la connaissance du processus favorise l’équilibre émotionnel et donc la santé. Une bonne lecture d’été accessible à tous et à transmettre à tous les curieux !
Belles vacances à toutes et tous
Catherine Aimelet-Périssol et l’équipe de l’ILE

L’habitude nous joue des tours, nous qui pensions …

L’habitude nous joue des tours, nous qui pensions que notre Moi conscient était à la manœuvre dans tous nos choix et nos rythmes de vie. C’est méconnaître la force du Moi des habitudes.

Dès le matin chacun d’entre nous a son petit rituel, douche puis petit déjeuner, ou le contraire, à moins que ce soit réveiller les enfants d’abord puis préparer le petit déjeuner car votre douche, vous la prenez le soir !

Sur cette planète, le vivant répond à des biorythmes fait d’habitudes. Même l’univers en a, la Terre tourne toujours dans le même sens autour du soleil par exemple. Habitudes qui favorisent l’harmonie et l’équilibre des forces.

Dès que nous avons suffisamment répété un geste, la mémoire procédurale fait le reste, et nous pouvons le répéter sans avoir à y penser. Les sportifs le savent bien, les musiciens aussi, qui répètent inlassablement les mêmes gestes. Cette mémoire procédurale, celle qui mémorise la procédure des actions, est tapie dans les profondeurs de nos circuits neuronaux.

Quand vous avez appris à conduire, vous avez sans doute trouvé la tâche complexe : débrayer pour passer la vitesse avec la main droite en gardant la gauche sur le volant, accélérer du pied droit et lâcher l’embrayage du pied gauche, tout en regardant devant vous, vigilant à ce qui se passe autour, et attentif à l’itinéraire pour vous rendre à destination. Quelques années plus tard, vous conduisez sans y penser, au profit de penser à votre journée, aux tâches urgentes, à la liste des courses, la facture à payer, ou à vous refaire le scénario du conflit avec votre voisine… Votre corps-esprit agit jusqu’à ce que la perception d’une situation inhabituelle vous sorte de vos rêveries : un carambolage, un orage soudain, une route barrée… et vous voilà revenu à la réalité du moment présent.

Regardons-y de plus près : la logique émotionnelle nous apprend que la voie du désir, autrement dit de l’élan vital, se déploie en habitudes, comportementales et aussi mentales. Pourtant nous pouvons remettre en question cette boucle vertueuse quand nous constatons que notre comportement est inadapté, comme freiner quand survient un obstacle alors que la route est enneigée. Dans ce cas précis votre habitude, qui s’est pourtant imposée à vous, est inadéquate à la situation puisqu’il y a de fortes probabilités que vous partiez dans le décor.


Nos habitudes se sont installées parce qu’elles ont été sources de satisfaction : quand je freine, j’évite l’obstacle. Elles ont ceci d’extrêmement précieux qu’elles favorisent DE FAIT la persévérance. Quand une action a été source de récompense, il est évident dans nos connexions neuronales qu’elle va l’être à nouveau pour répondre à notre désir. Elles sont aussi écologiques puisqu’elles libèrent de l’espace mental pour d’autres décisions ou réflexions, pendant que nous agissons presque hors décision consciente.


Mais elles ont aussi quelques inconvénients.
Notre vigilance est amoindrie : ainsi vous venez de vous couper le doigt en cuisinant, ou avez un accident à 50 m de chez vous. Un autre inconvénient est qu’elles sont comme des partenaires muets qui s’imposent à nous, que nous le voulions ou non.
Lutter contre ses habitudes ou s’en vouloir de les avoir revient à lutter contre soi-même et c’est intenable. Les « il faut que j’arrête de me plaindre, de me mettre en colère, de grignoter… » occupent tout notre espace mental, mettent à mal notre volonté et nous usent à force d’inefficacité. Voie sans issue donc que se demander d’arrêter. Il s’agirait plutôt d’OUVRIR notre champ des possibles et décider (par) quoi commencer : plutôt qu’arrêter de me plaindre, commencer à cultiver le contentement ? Plutôt qu’arrêter de me mettre en colère, cultiver la bonne humeur ? Plutôt qu’arrêter de grignoter, décider de manger uniquement pendant les repas ?


Le défi est de synchroniser la force d’attraction profonde et opiniâtre du désir avec nos intentions conscientes, en mettant en place une nouvelle habitude. Cela demande un effort de volonté jusqu’à ce que l’habitude s’installe. Il s’agit d’être modeste, de persévérer, et d’orienter son esprit et ses actes vers une nouvelle forme de récompense plutôt que de vouloir cesser ce qui s’est installé.


Et si vous commenciez par prendre l’habitude de parler de ce qui est, de l’existant, à la forme affirmative, comme proposé dans notre précédent clin d’œil ?

Sylvie Alexandre-Rochette

Le guide Santé des Émotions

Hors-Série Sens & Santé – Le Monde

Voici sorti en kiosque le 24 juin, un hors-série Le Monde La Vie, sur les émotions.
Un guide santé des émotions dont près de 150 pages présentent la Logique Émotionnelle.


Il s’agit d’extraits de Ma Bible des Émotions, mis en valeur et illustrés de façon très pédagogiques.
L’intention est clairement annoncée : comment la connaissance du processus favorise l’équilibre émotionnel et donc la santé.


Une bonne lecture d’été et un bon hors-série à transmettre aux curieux
Belles vacances à toutes et tous.


Catherine Aimelet Périssol et l’équipe de l’ILE

Qui suis-je ? Expérimenter la forme affirmative …

Avez-vous déjà porté attention à la forme des réponses que vous apportez aux questions banales du quotidien ou aux propos que vous formulez dans vos notes professionnelles ?

La forme négative vous est-elle familière pour exprimer vos sentiments, vos actes ou vos idées ?

« Je ne suis pas en forme ce matin…
« Je n’ai pas bien dormi cette nuit…
« Je ne suis pas passionnée par cette émission, ce livre, cet article…
« Je n’ai pas terminé ce dossier…
« Je n’ai pas lu ton mail…
« Je n’ai pas réussi à clarifier ce point…
« Je ne suis pas d’accord avec cette stratégie, cette décision…
« Je ne partage pas ton point de vue…
« Je n’ai pas le temps de …
« Je n’aime pas ton costume…
« Je n’apprécie pas ce plat…
« Je n’ai pas… Je ne suis pas… Je ne partage pas … Je n’aime pas… »

Utiliser la forme négative, c’est exprimer ce qui n’est pas, ce qui manque, comme un creux, une faille, un vide, un gouffre, un abysse, … qui pourrait être aussi un abri, une tanière, une grotte, une caverne, un repli …

Utiliser la forme négative, serait-ce donc une forme d’évitement, de zapping, de raccourci, de facilité, de solution de paresse au regard de l’effort que représenterait une forme affirmative ? Affirmation de ce qui est déjà là, de ce que j’ai déjà, de ce que je suis au présent, de ce que j’aime, de ce que je partage, de ce que j’ai déjà fait ou réussi, de ce que j’apprécie en ce moment…
Forme affirmative à ne pas confondre avec la forme positive où « Je ne suis pas en forme ce matin » se traduirait en « Je suis en forme ce matin » !

La forme affirmative exige de l’attention, de l’application, de la délicatesse, du soin, un peu de zèle et de la diligence dans le choix du mot qui me définit, me reflète, me qualifie…
« Je suis un peu raide ce matin », « J’ai dormi cinq heures cette nuit », « J’ai écrit la moitié de cet article », « J’ai déjà rédigé trois pages », « J’ai entendu ou je comprends tes arguments : les miens sont les suivants… », « Je préfère ton costume bleu », « J’ai déjà trois réunions. Mon emploi du temps est complet ce matin. Que pourrais-tu proposer d’autre ? » …

La forme affirmative est celle que choisit la voie du désir, celle qui construit pas à pas, qui cherche la justesse, qui donne du goût à l’existence, du sens et de l’ambition à nos choix…
Elle procure une grande satisfaction et c’est celle qu’apprécie notre corps et notre cerveau !

Qui suis-je finalement ?
J’ai choisi pour l’illustrer un extrait du dernier livre d’Edgar Morin « Les souvenirs viennent à moi » : « …Je suis un Tout pour moi, tout en n’étant quasi rien pour le Tout. Je suis un humain parmi huit milliards, je suis un individu singulier et quelconque, différent et semblable aux autres. Je suis le produit d’évènements et de rencontres improbables, aléatoires, ambivalentes, surprenantes, inattendues. Et en même temps, je suis Moi, individu concret, doté d’une machine hypercomplexe auto-éco-organisatrice qu’est mon organisme, machine non triviale, capable de répondre à l’inattendu et de créer de l’inattendu. Le cerveau donne à chacun l’esprit et l’âme invisibles au neuroscientifique qui analyse le cerveau, mais émergeant en chaque humain dans sa relation avec autrui et avec le monde. »

Maïté Pecqueur
Psycho praticienne et co-autrice du livre « La vie secrète des émotions »

A propos de nos sensations

La LE fait appel à la sensorialité immédiate pour comprendre comment, en percevant un événement à l’extérieur de soi, nous éprouvons un phénomène à l’intérieur de soi, décrit comme une sensation. Celle-ci en en écho avec ce qui se passe à l’extérieur notamment par l’effet de la fonction mimétique des neurones dits miroirs, présents dans la profondeur de notre cerveau, et par nos automatismes vitaux, déclenchés juste au dessus de la moelle épinière.

Ces neurones seraient responsables du mimétisme, très étudié par René Girard sur le plan des comportements en collectivité et par Jean-Michel Oughourlian, neuropsychiatre, qui ont coécrit avec Guy Lefort, Des choses cachées depuis la fondation du monde, ouvrage paru aux éditions Grasset en 1978. Le fait de sentir en soi à partir des perceptions hors de soi dans un processus d’écho ou de mimétisme donne sens à la réactivité émotionnelle qui s’opère ensuite de façon automatique.

La LE fait aussi appel à la mémoire sensorielle.

Voici ce qu’en dit Joseph Ledoux, professeur en neurobiologie, dans son dernier ouvrage, Synaptic Self, paru en 2002 : la remémoration consciente est le type de mémoire que nous avons à l’esprit lorsque nous parlons habituellement de la « mémoire ». Se rappeler c’est être conscient d’une expérience antérieure, et présenter des troubles de la mémoire c’est avoir un problème avec le rappel d’un événement ou d’une information que nous savons pourtant avoir précédemment vécu ou su.

Mais il existe un système de mémoire différent qui garde le souvenir des situations dangereuses ou du moins menaçantes. Cet apprentissage du danger met en relation directe nos perceptions sensorielles avec nos réponses comportementales. Il ne dépend pas de la conscience et nous n’avons aucune emprise sur lui ni un accès conscient à sa véritable nature.

En fait, normalement, les deux systèmes de mémoire fonctionnent simultanément. La mémoire consciente apporte le contexte factuel d’un événement (ce que nous pouvons analyser intellectuellement, sans en éprouver le ressenti) et la mémoire inconsciente donne le relief sensoriel à ce contexte (les manifestations physiques, émotionnelles).

En dehors de l’immaturité de la mémoire consciente en période prénatale, les causes d’un éventuel dérèglement de ce fonctionnement sont multiples mais la principale semble être la peur elle-même. Bruce McEwen, éminent chercheur sur la biologie du stress, a mis en évidence qu’une peur brève mais intense entraîne un appauvrissement en dendrites des neurones activés par cette peur dans l’hippocampe. Les dendrites, parties réceptrices des neurones, sont des acteurs majeurs dans la formation de la mémoire consciente.

Les dégradations sont réversibles si la peur ne dure pas mais les dendrites sont définitivement endommagées, laissant les neurones isolés, si la peur se prolonge. Dans ce cas, le souvenir conscient à l’origine de la peur devient inaccessible. Lorsque la peur se manifeste, il ne subsiste alors aucune piste pour en retrouver consciemment le point de départ.

Et la manifestation sensorielle de la peur reste, de fait, la seule trace qui puisse, éventuellement, permettre de remonter jusqu’à l’événement d’origine et de le désactiver consciemment. En ce sens, des signaux de forte intensité (des sensations physiques fortes reproduites consciemment, par exemple), en ciblant les neurones qui ont été isolés par des dendrites endommagées, peuvent réactiver l’activité de ces neurones et permettre ainsi la restitution consciente de la mémoire.

Par ce mécanisme, on peut imaginer, un peu comme un sourcier s’approche d’un point d’eau avec sa baguette, qu’en remontant consciemment au plus fort de la manifestation sensorielle de la peur et en la revivant pleinement et avec consentement, on puisse la désamorcer en « reconstruisant » l’accès endommagé aux neurones concernés. Dans ce cas, la mise en conscience ne porte plus sur le souvenir mais sur la ré-expérimentation (volontaire et sécurisée) de la peur. Il s’agit là, très probablement, du mécanisme qui sous-tend notre approche.

* Quelques lectures qui étayent le processus de Logique Emotionnelle :

Henri Laborit : tous ses ouvrages et particulièrement L’éloge de la fuite, La Nouvelle Grille

Antonio R. Damasio : L’autre moi-même – Les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions, Paris, Odile Jacob, 2010.

Lionel Naccache : Le nouvel inconscient – Freud, Christophe Colomb des neurosciences, Paris, Éditions Odile Jacob, coll. « Sciences », 2006.

A suivre…

A propos de nos perceptions

La neuro-imagerie explique le processus de la Logique Emotionnelle® : celle-ci fait appel à la fonction mimétique des neurones dits miroirs et à nos capacités intéroceptives

L’ensemble des articles concernant nos perceptions étudie la perception dans sa dimension à la fois philosophique, cognitive et neurosensorielle. La neuro-imagerie est venue considérablement préciser comment se passe le processus qui permet l’intériorisation des informations externes et internes (venant du reste du corps). Les ouvrages de Lionel NACCACHE*, neurologue et chercheur en neurosciences, permettent de mieux saisir ce phénomène. Où l’on comprend que les informations perçues sont à la fois vraies et fabriquées…

Le lecteur pourra aussi découvrir les travaux de Sémantique Générale d’Alfred KORZIBSKI, qui mit en évidence les notions d’Inférences, de filtres anatomiques et psychiques. « Le mot n’est pas la chose » ou « ceci n’est pas une pipe » écrit sur le tableau de Magritte représentant une pipe, sont déjà un bon début pour voir autrement ce que nous sommes convaincus de voir pour de vrai !

Cette dynamique est le « sujet/ objet » sur lequel travaillent de nombreux chercheurs. Les neuroscientifiques maillent de plus en plus leurs recherches avec les chercheurs en sciences humaines.

Dans son ouvrage paru en 2006 (Le Nouvel Inconscient), Lionel NACCACHE propose aussi une lecture passionnante sur l’inconscient : celui-ci sort de la seule dimension freudienne pour s’étendre à de nombreux processus cérébraux cognitifs.

L’inconscient neurologique est un vrai inconscient, tandis que celui du père de la psychanalyse traduit le fourmillement du conscient psychique, formidablement doué pour créer de la fiction riche de sens, notamment par les mécanismes inconscients de construction de nos représentations à partir des informations mémorisées et bel et bien vivaces en soi. C’est seulement dans un deuxième temps que nous prenons conscience de nos représentations. Lionel NACCACHE « Le Cinéma Intérieur » 2020.

La Logique émotionnelle s’appuie sur ces constatations. L’écoute en résonance des perceptions et des sensations permet ainsi de révéler et de faire advenir à la conscience des mouvements perçus de l’extérieur et leurs effets sensoriels en soi à l’origine des émotions.

Le travail LE se situe à l’interface entre inconscient sensoriel, non pas refoulé mais informant en deçà du seuil de la conscience, et conscience cognitive, non pas « défoulée » mais informant du jeu vital que nous ne cessons de mettre en œuvre en interprétant et en fictionnant notre monde.

L’indépendance est-elle un mythe ?

Qui ne rêve de devenir plus indépendant du regard des autres, des reproches de son conjoint, des attentes de son manager, du contexte social ou de l’influence de la mode ? Qui ne rêve de devenir enfin « lui-même », totalement à l’origine de ses choix et de ses actions ? Qui ne rêve de se libérer d’être trop dépendant affectif ?

Mais ce rêve que nous partageons tous aboutit à bien des frustrations. Pire, plus nous cherchons à contrôler notre vie, plus elle échappe, plus le stress augmente… et plus nous nous en voulons de rester dépendants, malgré notre volonté et nos efforts pour résister à cette tendance.

Alors plutôt que nous maudire, nous culpabiliser ou en vouloir aux autres et aux circonstances, nous pouvons nous tourner vers le fonctionnement à l’origine de la dépendance elle-même.

De la dépendance, de l’attachement à nos habitudes comme de nos addictions elles-mêmes ! Avant de voir là des effets de la psychologie, c’est à la biologie que nous devons le phénomène de dépendance !

La logique émotionnelle décrit comment se manifeste la nécessité biologique de la dépendance. Elle modélise ainsi le lien corps esprit, le passage d’une logique corporelle de survie à une logique socio-culturelle de vie dans le temps. Le phénomène de dépendance prend ainsi racine, non simplement parce que nous sommes des êtres sociaux, mais du fait de la nécessité de la vie : celle du corps et en miroir, celle de la culture répondent au principe de conservation et d’évolution, principe qui débute dans la recherche homéostasique de tout corps vivant. C’est là que nous pouvons trouver les clés, non pour nous libérer -voire nous débarrasser- de nos dépendances, affective ou matérielle, mais pour agir en connaissances de ces causes existentielles qui régissent nos existences.

Nous avons bien du mal à admettre être à ce point redevable de notre nature physique, si convaincus que seule notre nature psychique et raisonnante guide nos comportements et nos ressentis. Quitte à ne s’intéresser aux découvertes des neurosciences que du seul point de vue intellectuel, comme si le sapiens était d’une nature différente des autres êtres vivants. Une erreur que nous payons de plus en plus cher.

Alors oui, nous sommes des êtres d’habitudes, de dépendance et d’addictions. Quel qu’en soit le prix, elles nous définissent et nous enferment. Et si la liberté commençait dans cette connaissance comme une invitation à regarder avec admiration et humour cette merveilleuse citadelle intérieure en résonance avec un contexte en perpétuelle évolution?


Catherine Aimelet Périssol