Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

Raconte-moi une histoire

Il était une fois en Crète, Dédale, ingénieur travaillant pour le roi et constructeur d’un labyrinthe dans lequel était enfermé le Minotaure. Icare, fils de Dédale y fut jeté avec son père.  Pour s’échapper de Crète, les deux hommes utilisent des ailes de plumes attachées par de la cire. Icare se grise du vol et oublieux de l’interdit de son père de voler trop haut, se tue de s’être trop approché du soleil, faisant fondre la cire.

Les contes, mythes et légendes sont aussi anciens qu’il nous est possible de remonter dans le temps pour l’étude des cultures humaines. Bien avant la lecture d’une histoire dans le cérémonial du coucher de nos jeunes enfants, le partage d’une histoire semble bien être un acte majeur dans le fondement des cultures humaines.

Joëlle est grand-mère depuis 1 ans d’un petit garçon nommé Arthur. Quand nous avons bavardé avec elle de son petit-fils, elle nous a dit « je pense que nous ne devrions pas vacciner Arthur, les vaccins ont des effets secondaires graves pour protéger de maladies devenues rares ». Joëlle fait partie du tiers des français selon une enquête de l’institut Gallup de janvier 2019 qui pensent que les vaccins ne sont pas sûrs, quand les deux autres tiers pensent qu’ils le sont.

Saviez-vous que les tours du World Trade Center au sud de Manhattan n’ont jamais existé ?  C’est l’une des nombreuses théories dites « conspirationnistes » qui circulent depuis le 11 septembre 2001.
Dans son livre de 1989 « La Vie est Belle » le paléontologue Stephen Jay Gould raconte l’histoire de la réinterprétation des schistes de Burgess par Harry Whittington dans les années 1970, ouvrant des perspectives radicalement nouvelles sur l’évolution de la vie. Les schistes de Burgess, gisement de fossiles d’animaux du précambrien près de Vancouver en Colombie Britannique au Canada, ont la particularité d’avoir conservé une trace des parties molles des organismes multicellulaires d’il y a 300 millions d’années. Whittington a réussi à décrire l’organisation organique du vivant à cette époque. Il a notamment mis en évidence 10 profils anatomiques dont seuls quelques un subsistent encore de nos jours.

Gould analyse les facteurs qui ont conduit Walcott dans les années 1920 aux premières interprétations complètement erronées de ces fossiles, qui se sont imposées à la communauté scientifique pendant 50 ans. Ces erreurs de Walcott sont les conséquences de ses modèles mentaux, induits par ses idéaux, à travers son engagement religieux, politique et moral. Pour faire simple, si dieu a fait l’homme à son image, alors l’homme est forcément l’aboutissement ultime de l’évolution. Or aujourd’hui les théoriciens modernes de l’évolution s’accordent majoritairement pour dire que des extinctions massives, dues à des catastrophes planétaires, ont permis de nouvelles proliférations animales jusqu’à la prééminence des mammifères et enfin de Sapiens. Une histoire différente de la terre aurait pu conduire par exemple à un monde de dinosaures.

Nous pourrions multiplier à l’infini les exemples de fictions, d’interprétations et de croyances, conséquence des processus par lesquels chacun donne au monde le sens qu’il a pour soi.

Dans plusieurs de ses ouvrages (notamment Le Nouvel Inconscient , et  Perdons-Nous Connaissance ? ), le neurologue Lionel Naccache traite de cette propriété fondamentale de notre vie mentale : l’interprétation consciente fictionnelle. Chaque minute de notre vie consciente se traduit en interprétations que nous ne cessons d’élaborer.

Les FICs (fictions, interprétations, croyances) reflètent un certain degré de réalité. Dans la plupart des expériences matérielles que nous vivons, notre rapport à notre environnement, et aux contraintes qu’il nous impose, nous amène à incorporer des informations venant du monde réel. Nous les utilisons pour corriger sans cesse nos hypothèses mentales. Même si nous sommes fascinés par les oiseaux et que notre imaginaire est stimulé par la légende d’Icare, nous évitons de nous lancer d’une falaise en essayant de voler.

Pour autant, structurellement, la finalité de l’interprétation consciente fictionnelle est de donner un sens à l’information que nous recevons du monde, qui nous convienne à nous. Sa finalité n’est pas de nous permettre de décrire aussi exactement que possible le monde réel dans sa réalité perceptible, matérielle, tangible.

Dès que nous nous éloignons de la matière et de la perception que nous en avons, nous baignons dans un grand nombre de réalités auto référentielles, faisant parties intégrantes de nos cultures humaines. Par exemple, la valeur de l’argent, la valeur d’un diplôme universitaire, l’existence de dieu, sont des réalités auto référentielles. Une réalité auto référentielle se démontre elle-même au contraire d’une réalité matérielle perceptible et dont nous pouvons reproduire invariablement l’expérience (voir par exemple sur ce sujet les ouvrages de François Flahaut L’Homme une Espèce Déboussolée, et de Yuval Noah Harari Homo Deus).

Nous construisons donc des représentations du monde qui sont à la fois vraies et fausses, et si nous ne pouvons-nous empêcher d’interpréter, du fait même de la structure de notre système nerveux, au moins soyons en avertis. Selon le vieil adage, un humain averti en vaudrait deux ?

Dans notre société de l’information, nous avons maintenant accès très aisément à une masse d’informations de toutes natures, qui circulent à grande vitesse dans la population. Une part prépondérante de ces informations sont l’expression de fictions, d’interprétations, ou de croyances. Les médias, radio, télévision, internet, nous proposent les dires de personnes qui nous font principalement part de ce qu’elles retiennent dans leur subjectivité. Il est facile de prendre une information pour argent comptant, il est beaucoup moins aisé d’accéder à la connaissance, d’ailleurs noyée dans le flot.

« Nos sociétés ont inventé une nouvelle forme de résistance à la connaissance » dit L. Naccache dans Perdons nous Connaissance ?, « non le refus des connaissances, comme au Moyen Age, mais la dégradation de celles-ci en simples informations, avec l’illusion que le progrès des connaissances pourrait rester extérieur à nous-mêmes, ne pas modifier la vision que nous avons de nous-mêmes. »
Dans son dernier ouvrage L’Ordre Étrange des Choses, Antonio Damasio s’émeut de cette réalité puis nous propose une conclusion : « notre ouverture d’esprit doit être grande lorsque nous entreprenons d’explorer l’inconnu ».

Osons nous interroger sur nos certitudes.

Alors s’il te plait mon frère humain, raconte-moi une histoire.

Et rappelons-nous l’un à l’autre que c’est une histoire.

Olivier Vidal

La logique émotionnelle au chevet de la santé

Conférence thématique animée par le Dr Catherine Aimelet Périssol le 15 mai 2020 à 19h

Facebook, page de la Logique Émotionnelle

Nos maladies sont-elles psychosomatiques ou somato-psychiques ?

Nos maladies nous rappellent à la valeur biologique de l’existence et tendent à restaurer l’homéostasie sans que nous soyons le plus souvent conscients de ce processus.
Bonne nouvelle! Nous pouvons devenir conscients et participer activement au phénomène naturel d’auto-guérison.

Il est temps, face aux événements auxquels nos esprits sont confrontés, de nous rappeler que la santé comme la vie est une prise de risque,
La sécurité sanitaire, la santé, n’est pas un droit mais un désir: il nous invite, voire nous presse d’agir avec sobriété, autonomie et attention et à consentir à être naturellement tiraillés entre préserver la vie et développer sa liberté.

Catherine Aimelet Perissol

La logique émotionnelle au chevet de la santé

« La santé est un état précaire qui ne laisse rien présager de bon ». Ce mot mis dans la bouche du Dr Knock par Romain Rolland, est destiné à faire rire les spectateurs. Nous sommes au théâtre, spectateurs de la stratégie habile du médecin pour convaincre les naïfs de supposées maladies. Le moyen est simple : lui, « le sachant », leur donne à douter de leur santé et de leurs capacités à se porter bien.

Mais le théâtre s’invite dans nos vies : nous voilà nombreux à douter de nos capacités face à l’infection du virus. Et ce doute est la source de la peur. Même en entendant que l’atteinte virale est le plus souvent bénigne, qu’elle guérit en quelques jours le plus souvent, rien n’y fait.

Il est souvent évoqué que nous sommes surtout saisis du virus de la peur. C’est oublier que la peur, dans le processus émotionnel, est fonction des actions et des pensées qui accompagnent notre désir d’existence, désir naturel et vivant que l’on reconnait dans le désir d’avoir la santé. Tradition des vœux de bonne santé du 1er janvier, trinquer à sa santé, demander comment va la santé… Autant d’habitudes collectives qui disent notre attachement à notre existence, qui passe par une bonne santé.

Douter en ces temps de pandémie, c’est hésiter entre deux données : entre l’attention au virus et sa virulence répétée à longueur de spots sur les médias d’un côté, et l’attention à sa propre nature, dotée de capacités de résistance et d’auto-guérison naturelle de l’autre. D’où une tension intérieure qui engendre peurs, colères ou lassitudes.

Le doute est une ressource précieuse quand il s’applique à l’observation de notre environnement puisqu’il ouvre au questionnement : quoi, comment, qui… déploie un espace sain de curiosité. La médecine est, ainsi que toute science, faite de doutes, d’observations et d’expériences. Mais le doute qui s’applique à soi dans son désir d’existence tel que je suis est délétère. Le doute qui donne à croire que nous n’existons que du fait de l’autre -ou que du fait de la chimie- nous prive d’attention et de soin au Soi.

Nous pouvons commencer à revenir à ce soi, corps esprit, en devenant plus conscient de ce qu’est réellement la santé.

La logique émotionnelle, en invitant à nous fier au mouvement naturel de résonnance du corps esprit à l’environnement, donne à la santé sa valeur biologique et rappelle, notamment, ces fondamentaux:

  • Nous avons un système automatique d’auto-guérison nommé système immunitaire qui se manifeste d’autant mieux que nous le laissons opérer. Non, ce n’est pas le pansement ou la plâtre qui guérit la plaie ou la fracture mais bel et bien le corps lui-même ! Oui, le corps a une intelligence de vie qui dépasse largement nos connaissances actuelles.
  • Comme l’émotion, la santé nous appelle du côté d’une sobriété et d’une autonomie, d’un soin bien différent du fameux bien-être qui est plus évitement de toute entrave que respect de soi. Vivre pleinement comme le disent certains est chose saine quand nous portons attention aux ressources qui sont déjà à l’œuvre et présentes.
  • La santé comme la vie est naturellement prise de risque. L’idée de ne « rien sentir de fâcheux ou de gérer son corps et ses émotions » n’aboutit qu’à encore un peu plus de stress, donc de fragilité, donc de dépendance à l’idée que nous ne serions en santé que grâce à la chimie…

Finalement, notre job est de nous fier au processus vivant, celui de l’émotion comme celui de l’immunité, de l’accompagner en conscience vers le retour à l’homéostasie, entre conservation de ce qui est et croissance, et lui ajouter, si urgence, des techniques qui ont fait leurs preuves ou d’en inventer de meilleures sans obérer pour autant la recherche naturelle d’équilibre. Le Primum non nocere, si cher à Hyppocrate.

Catherine Aimelet Perissol

Confinés mais à l’abri, dé-confinés mais en risque !

Conférence thématique animée par le Dr Catherine Aimelet Périssol le 29 avril 2020 à 13h00

Facebook, page de la Logique Émotionnelle

L’indécision émotionnelle ou la recherche de d’équilibre

Qui, en cette période d’incertitude, ne se sent pas soumis à de fréquentes tempêtes sous un crâne.
Comme celle décrite par Victor Hugo dans les Misérables :


Jean Valjean passa une nuit blanche,
tiraillé entre le vol de bougeoirs en argent, garantie de survie,
et la reconnaissance vis à vis de celui qui l’avait recueilli et nourri?
Il les vola et fut à nouveau sauvé par leur propriétaire qui assura aux gendarmes qu’il les lui avait donné!

Ces tempêtes émotionnelles sont bien sûr accentuées par l’expérience que nous vivons:
Confinés, pour la plupart, avec envies pressantes d’en sortir le 11 mai ?
toujours au travail et envie d’être rassurés ? 
alourdis par la charge mentale et envie d’être, enfin, débarrassés?
désœuvrés et envie de s’éclater ? 

La Logique Émotionnelle éclaire ces expériences par la connaissance du fonctionnement du cerveau.
nous nous sentons tiraillés en raison d’un conflit de polarités:
une partie aspire à conserver ce qui est connu et rassurant,
une autre aspire à dépasser cette limite.
Conservation contre croissance. En nous, ça fait controverse.
Comment la LE peut nous aider à prendre position et recouvrer l’équilibre?

Questions / réponses sur l’actualité

Conférence thématique animée par le Dr Catherine Aimelet Périssol le 22 avril 2020 à 13h00

Facebook, page de la Logique Émotionnelle

Contrairement à notre habitude de chercher des réponses à l’extérieur ou dans nos évidences
selon lesquelles ce serait la situation actuelle qui serait stressante,
nous allons chercher nos réponses plutôt à l’intérieur, dans la logique du processus émotionnel de notre système nerveux.
Cette rencontre sur FB nous permettra de préciser certains points et de répondre à vos questions concernant l’observation que nous pouvons faire en temps de confinement et d’évitement de liens.

  • Qu’est-ce qui fait que nous n’y avons pas vraiment cru à cette pandémie au début?
  • Qu’est-ce qui fait que nous sommes autant soumis à faire toujours la même chose?
  • Qu’est-ce qui fait que l’incertitude nous effraye?
  • Qu’est-ce qui fait que nous vivons mal cet enfermement relatif?
  • Qu’est ce qui fait que nous sommes si prompts à juger?
  • Qu’est-ce qui fait que nous nous sentons mieux en agissant?
  • Qu’est-ce qui fait que nous cherchons autant à obtenir des informations sur la suite?
  • Qu’est-ce qui fait que la proximité avec nos proches peut nous être à ce point insupportable?

Nous observerons que c’est à l’intérieur que réside l’intelligence, c’est à dire notre capacité à lire ces événements et les assembler pour leur donner du sens, selon la définition même du mot « intelligence ».

La vie secrète des émotions

de Clothilde Marciano et Maïté Pecqueur
(Eyrolles 2020)

Nous sommes tous baignés d’émotions. Il nous arrive aussi de trébucher, d’être pris dans la tourmente émotionnelle, ce qui ne nous semble pas si grave puisque, une fois la tempête passée, nous nous relevons et poursuivons notre route…


Mais ces ressentis peuvent devenir pesants, voire nous « pourrir » la vie.
Et s’il suffisait de reconnaitre le besoin fondamental qui se cache derrière un comportement réactif pour sortir de nos boucles infernales ?

Extraits de la préface de Catherine Aimelet-Périssol

Lorsque Maïté Pecqueur et Clothilde Marciano m’ont sollicitée pour écrire cette préface, j’en ai éprouvé beaucoup de joie et de reconnaissance. A plusieurs titres. D’abord j’ai retrouvé chez elles l’élan qui m’habitait en écrivant, il y a vingt ans maintenant, « Comment apprivoiser son crocodile ». J’y mettais en évidence le principe fondamental du mouvement corporel de l’émotion, initial et vital, à l’origine de nos habitudes comportementales. Ensuite parce que témoigner de ce sujet me semble terriblement urgent dans notre monde de plus en plus happé par le mythe de la performance individuelle et de la satisfaction immédiate. Enfin, parce qu’elles sont devenues des amies dans l’étude et la transmission du langage émotionnel. 

A l’époque où je pratiquais la médecine générale, j’ai pu réaliser le désarroi affectif de mes patients...
...Même en volant quelques instants pour les écouter, toute une part d’eux me demeurait incompréhensible. L’approche psychologique des émotions ne m’aidait guère... La peur, la colère ou la tristesse n’étaient-elles que les conséquences de nos apprentissages relationnels ? ...

De belles rencontres comme celle d’Henri Laborit, l’observation, l’art de l’écoute et l’étude surtout m’ont aidée à comprendre que l’émotion a rapport au langage de la vie elle-même, à la biologie... 

… Il ne s’agit plus de se contenter d’acquérir une intelligence émotionnelle. Il s’agit de réaliser que l’émotion est un processus et c’est bien lui qui est intelligent !En d’autres termes, c’est à notre esprit, doué de formidables capacités de raisonnement, d’imagination, de créativité, d’admettre que nos émotions ont un langage et qu’elles ont une intelligence à prendre en considération si nous souhaitons être mieux dans notre peau et surtout, construire de plus saines relations avec les autres et la nature...

...Au fil des pages, chacun pourra découvrir sa nature, la logique de ses émotions, sa façon d’être au monde et d’être en relation avec les autres......Vivre, c’est apprendre à donner sens à ce qui est présent et existant. A commencer par soi ! Eclairer d’abord sa lanterne pour agir sainement envers soi, les autres et le monde. 

A travers cet ouvrage, Maïté et Clothilde nous invitent à suivre le mouvement, joyeux et libérateur, d’une danse, d’un face à face corps-esprit, à l’origine de notre véritable responsabilité. Car, même s’il nous semble que nous sommes émus pour un rien, nous ne sommes jamais émus pour rien.

Catherine Aimelet-Périssol, Décembre 2019


Les auteures

Formées à la Logique Émotionnelle® par le Docteur Catherine Aimelet-PérissolClothilde Marciano et Maïté Pecqueur sont formatrices dans le monde de l’entreprise. Elles accompagnent aussi les personnes sur la connaissance du processus émotionnel.

Pour en savoir plus sur les auteures :
www.laviesecretedesemotions.com

Vous pouvez télécharger un extrait ou feuilleter le livre :

Apprivoiser ses émotions, un défi en temps de confinement

Par Marlène Duretz

Rester chez soi provoque ou exacerbe des pics émotionnels qu’il n’est pas toujours simple de contrôler. Conseils pour ne pas se laisser submerger par le stress ou la peur.

Dans un immeuble de Montpellier, le 1er avril.
Dans un immeuble de Montpellier, le 1er avril. JULIEN GOLDSTEIN POUR « LE MONDE »

Les tant escomptés « libérés, délivrés » devront attendre. Dans les foyers français quasi en huis clos, ils ont inexorablement cédé du terrain aux désormais « apeurés, angoissés ». Le contexte tout aussi exceptionnel qu’incertain de la crise sanitaire du coronavirus contribue à exacerber chez chacun des émotions avec lesquelles il n’est pas toujours facile de composer en ces temps confinés.

« Ce n’est pas parce que nous sommes tous en situation de crise que l’on dispose du même appareil psychique, observe le psychiatre Michel Lejoyeux. Nous avons chacun à faire face à des situations extraordinairement inégales, avec des capacités de résistance et de résilience tout aussi disparates. »Lire la sélection : Cinq applis pour méditer en pleine conscience

Nombreux sont les confinés anxieux, déjà sur les nerfs, avouant avoir perdu leur sang-froid, hurlé sur un conjoint ou un enfant, ou encore avoir cédé à la tristesse ou au désarroi. Perdre les pédales, péter une durite, ne pas voir le bout du tunnel, être sous l’eau… le florilège des expressions est aussi fleuri et divers que la palette des émotions.

« Cette situation est révélatrice de mouvements émotionnels tout à fait variés, même si on peut les rassembler en quatre grandes catégories, à savoir la tristesse, la joie, la colère et la peur, cette dernière étant la plus présente aujourd’hui, selon la psychothérapeute spécialiste des émotions Catherine Aimelet-Périssol. Cette période va nous permettre de découvrir, si on l’ignorait encore, que nous sommes des êtres émotifs et quel rapport nous entretenons avec nos émotions. »

« Pas de mauvaises ou de bonnes émotions »

Cette mise entre parenthèses est un bouleversement profond de nos habitudes, de nos rapports aux autres, ainsi que de notre espace de vie. Pour l’auteure de Ma bible des émotions (éd. Leduc.s, 2019), « plus la situation est autre de ce qu’on voudrait qu’elle soit, plus cela nous est difficile de nous y adapter et plus elle favorise l’anxiété ». Et de souligner l’intérêt de « visiter notre intériorité » pour prendre le recul nécessaire.

« Il n’y a pas de mauvaises ou de bonnes émotions, il y a juste des émotions qui nous disent quelque chose de notre existence. Et ce que nous pouvons faire est d’aller à leur rencontre. Pour en tirer profit bien sûr, mais surtout pour prendre soin de soi. » Et a fortiori des autres.Lire l’enquête : « Je suis comme un lion en cage », être seul et confiné dans un 18m2

Outre cette introspection, et une nécessaire communication avec celles et ceux avec qui l’on est confiné, rendre le moment supportable, c’est aussi gérer le temps – en instaurant des plannings par exemple – et l’organisation des espaces dont on dispose.

« Structurer son espace et son temps permet de favoriser les repères et d’instaurer de nouveaux rituels », suggère la psychothérapeute. Cela requiert d’être créatif aussi pour adapter ce qui doit l’être, et inutile de faire cavalier seul. « Ce n’est plus “comment je vais faire”, mais “comment nous allons faire”. Ce qui implique de s’inscrire dans le collectif, à l’échelle d’une famille, d’un couple, avec ou sans enfants, ou de colocataires ! Et cela n’exclut pas ceux qui sont confinés seuls. »

Réhabiliter l’altruisme

« Il revient de mobiliser ses ressources pour faire face à la quarantaine », recommande Michel Lejoyeux, passant en revue les préconisations des psychiatres du King’s College de Londres (The Lancet en mars) parmi lesquelles réhabiliter l’altruisme, pour être moins égoïste et autocentré, entretenir les liens, et ce malgré l’isolement physique, pratiquer une activité physique, se distraire pour résister, s’évader ou sortir de l’ennui, mais encore se livrer à la rêverie.

« Imaginez-vous des moments agréables, filmez-les comme dans une vraie séance de cinéma, souligne-t-il. Même si ce n’est qu’en imagination, votre cerveau et votre esprit ont traversé un moment agréable, l’ont vu, presque déjà vécu en attendant de le vivre vraiment, le plus rapidement possible. »Lire le compte-rendu du tchat avec Wissam El Hage, psychiatre au CHU de Tours : « En confinement, notre pire ennemi, c’est l’incertitude, source de beaucoup d’anxiété »

Selon Catherine Aimelet-Périssol, cette période est propice pour « être indulgent, tolérant et bienveillant avec l’être émotif que nous sommes ». Les sautes d’humeur ne sont pas incongrues, les incertitudes et les peurs nombreuses et déstabilisantes.

Pourquoi ne pas tenir un journal de bord du confinement, par exemple, pour « poser un certain nombre de choses projetées qui, à la relecture, permettent d’être relativisées » ou encore réaménager ses espaces de vie, pour se les réapproprier ? « C’est une façon de reprendre le contrôle et cela reste accessible à tous. »

Notre sélection d’articles sur le coronavirus

Marlène Duretz

Site du journal Le Monde

La vie (à l’) intérieur(e) : nature contre culture ?

Et si nous osions observer la vie intérieure puisque nous y sommes, à l’intérieur ? Au risque d’être déçu de n’être « que ça » ?


Aie ! Le confinement et la présence d’un virus, invisible et contagieux, nous pressent de réaliser que la vie du corps -notre part animale- a la priorité sur nos habitudes culturelles. Un mauvais coup pour notre sacro-sainte intelligence ? Pas si sûr. Et si cette reconnaissance nous permettait, enfin, de devenir un peu plus humain, plus sain de corps et d’esprit ?

Souvenez-vous, c’était il y a quelques semaines ou quelques heures…

  • Le coronavirus, c’est comme la grippe. Ce n’est pas la peine d’en faire toute une histoire. Ou comment l’émotion nous fait rechercher le connu pour comprendre et surtout maitriser l’inconnu.
  • Moins de morts que par accidents de trottinette…Ou comment l’émotion nous presse de nous rassurer.
  • Compter le nombre de morts au nom de la transparence. Ou comment nous utilisons la dramatisation émotionnelle pour sortir du déni et entrer dans la réalité. 
  • Experts, chercheurs, que disent-ils ? Ou comment l’émotion nous pousse à faire confiance à ceux qui se disent ou sont étiquetés sachants. Sachants qui eux-mêmes se réfèrent à ce qu’ils savent déjà. 
  • Pas de ça chez nous ! Ou comment l’émotion nous faisait rejeter le drame qui se passait de l’autre côté des Alpes.
  • Tout le monde ne peut pas se tromper ! Ou comment l’émotion nous presse de nous imiter les uns les autres dans un souci d’appartenance.

Autant de conséquences cognitives, autrement nommées biais cognitifs, liées au fonctionnement de notre système nerveux. Le cerveau existe pour éveiller notre désir d’existence, voire de survie. Pas pour refléter la réalité environnementale !


Nous ne le dirons jamais assez ! Nous sommes définitivement des êtres émotifs, des personnes que leur système émotionnel mobilise, fait agir, fait décider et même qui colore leurs choix.


Nous sommes saturés d’informations, via des mails ou des vidéos: les unes nous divertissent et prêtent au sourire ; d’autres nous alertent ; d’autres encore nous invitent à la sérénité et à regarder les fleurs éclore. Toutes sont des initiatives qui aident leurs auteurs à tenir bon dans la crise, en espérant qu’elles aideront peut-être d’autres à faire face. Toutes disent quelque chose d’émotionnel dans notre rapport à nos quatre besoins fondamentaux : la sécurité, le lien, le sens et le bonheur. Besoins auxquels nul n’échappe.


C’est dans la biologie que nous trouvons la logique de l’émotion, justement dans la part naturelle de notre humanité, celle qui tend à la satisfaction automatique de l’équilibre ou homéostasie. Face à un événement décalé par rapport à ce que nous connaissons et cherchons à retrouver, nous nous sentons déstabilisés, nous perdons notre équilibre intérieur. S’en suivent des réactions, voire surréactions dans l’urgence. Et plus nous sommes déstabilisés, plus nous cherchons à compenser. Tel est la nature du mécanisme émotionnel inscrit dans le corps esprit !


L’émotion est intelligence de vie. Avant de chercher à devenir encore plus intelligent émotionnellement, nous pouvons tous commencer par reconnaitre cette intelligence là où elle se manifeste : dans la peur, dans la colère, dans la tristesse, dans l’excitation. Car ces ressentis, par la peine et la pression qu’ils contiennent nous invitent à un geste inhabituel : prendre soin en conscience. Ce geste est justement réveillé par la contagion actuelle.


A condition de ne pas céder aveuglément aux habitudes mentales qui consistent à vérifier que nous pouvons continuer à avoir ce qui vient de nous être ôté, c’est-à-dire certaines formes bien connues de sécurité, de lien, de sens et de bonheur. Car ces automatismes ne font finalement que nous parler de ce qui a été et que nous voulons conserver.


Comment faire s’aider à prendre soin de soi ? 

  • Regarder les faits plutôt que réfléchir par analogie avec le connu.
  • Se laisser surprendre plutôt que vouloir contrôler
  • Suspendre ses habitudes comme toujours chercher à (se) rassurer à court terme
  • S’observer monter comme des blancs en neige nos craintes et nos projections mentales, sans se juger.
  • Accepter l’incertitude, c’est-à-dire décider de faire ce qu’il est possible de faire aujourd’hui puisque personne ne sait rien de la suite. Et le faire. De toute façon, le néocortex cérébral fabrique des possibles et crée des histoires ; c’est son job. Ça ne veut pas dire qu’il a raison ; ça veut dire qu’il nous invite à être créatif en conscience du processus émotionnel.

Donc, comment disait Tintin sur un dessin reçu récemment : Bon, si j’ai bien compris, tant qu’on ne l’a pas attrapé, on n’est pas immunisé et tant qu’on n’est pas immunisé, on est confiné pour ne pas l’attraper…
Laisser vous entrer en résonnance avec les faits, c’est plus raisonnable !


Catherine Perissol

Exister, faire de sa vie une réalité

Conférence thématique animée par Catherine Aimelet Périssol le 19 mars 2020

Facebook, page de la Logique Émotionnelle

Après avoir abordé les thèmes de la confiance et de l’estime de soi, lors de ce nouveau Live, nous aborderons le thème du sens de sa vie.

Le désir d’existence est la résultante de la confiance et de l’estime : se fier à ses expériences corporelles et au mouvement vital de l’émotion, se reconnaitre dans nos échanges avec les autres, voir ce que nous donnons et recevons sont des points d’appui essentiels pour réaliser sa vie.

Mais que signifie « réaliser » sa vie ?

Nous vivons ce paradoxe. Puisque nous agissons, parlons, éprouvons, aimons, décidons…c’est bien que notre vie est réelle ! Pour autant, nous avons souvent cette certitude de ne pas vivre notre vie, d’être à côté de notre vie. Le plus souvent nous attribuons ce sentiment à la société ou aux autres qui empêcheraient que nous soyons nous-même.
Mais cette approche est insuffisante et frustrante.

La LE peut nous aider à voir plus clairement ce qu’est réaliser sa vie ou plutôt, faire de sa vie une réalité.

Des étiquettes aux « éthiquettes » !

Voici venu le mois de mars, le mois du retour du printemps et de son équinoxe, parfois arrosé de ses fameuses giboulées. Et, pour cette année 2020, mars est également le mois des élections municipales.

À ce sujet, vous avez sûrement entendu parler de la controverse sur la circulaire devant fixer le seuil au-delà duquel les préfets attribuent des étiquettes – le terme officiel étant « nuances » – aux listes candidates des élections municipales.

Certains candidats font ou souhaitent faire campagne sans étiquette… ce qui reste une étiquette ! C’est d’ailleurs ce que les médias mentionnent quand ils font un reportage sur ces derniers en indiquant entre parenthèses « SE » = sans étiquette.

C’est que, que nous le voulions ou non, nous ne pouvons pas ne pas « étiqueter ». Autrement dit, nous sommes construits cérébralement et cognitivement pour évaluer, classer, nommer, caser, affecter, …

En miroir de la perception initiale d’un événement, nous nous le représentons. Nos représentations concernent autant la situation que les protagonistes qui la jouent, nous compris. Elles sont faites de jugements, de croyances, de fictions même. Et elles nous sont utiles car elles permettent de donner du sens à ce que nous vivons, à notre passé et de construire notre futur.

Constituent-elles un problème ? NON… tant que nous conservons à l’esprit qu’elles sont utiles… et subjectives, qu’elles ne sont que des étiquettes que nous collons, sur nous et les autres. OUI… dès que nous sommes convaincus que ces étiquettes sont des vérités qui collent à la réalité, et enferment, nous et les autres, dans une vision réductrice. Étiquettes que celui-ci est vraiment « un escroc de première », que telle autre est la « douceur incarnée », que ce troisième « s’est fait tout seul », ou encore que cette dernière « est tout le temps sur mon dos ».

Car ces étiquettes parlent, finalement, bien plus de nous que des autres. Elles illustrent les besoins et désirs que nous cherchons viscéralement à garantir : ici, un désir d’honnêteté, là de douceur, là encore il s’agit d’autonomie, et pour terminer, souffle le vent de la liberté.

Alors, à l’aube de ce printemps, la saison du renouveau, franchissons une porte et osons le changement de paradigme. Envoyons valser les étiquettes et privilégions les « éthiquettes ». Si l’éthique se définit, de manière simple, comme la science des mœurs, quand nous cherchons son étymologie, nous trouvons le mot « soi ». Nous pourrions alors dire que l’éthique, c’est d’abord l’étude de soi.

Une étude dans laquelle il serait pertinent de regarder en quoi les étiquettes parlent de nous, de la façon dont nous nous sommes construits depuis nos besoins les plus basiques jusqu’à nos idéaux.  Une étude où nous aurions à cœur d’identifier les besoins qui nous animent, les désirs qui orientent nos actions, cet élan de vie qui nous inspire et nous ouvre des portes : celles de nos ressources et de nos potentiels, celles d’un nouveau regard porté sur nous et les autres… qui éclate en autant « d’éthiquettes ».

C’est celui qui dit, qui est ? Non, plutôt : c’est celui qui dit qui parle de lui !

Gérald Testé