Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

Quand la démesure rythme nos vies

Le roi lion et les souris

Le roi Hubris a le rugissement le plus puissant et le plus terrifiant de tous les animaux. Tout le monde sait qu’il descend du grand mongol, lui-même d’origine divine. Ses réflexions à l’heure si propice de la sieste, quand il laisse ses lionnes chasser, sont si justes et si brillantes, et son courroux si meurtrier, que tous attendent anxieusement sa parole.

Seules Lysa et Marc, un couple de souris, échappe à la peur qui saisit chacun à la cour. Elles sont si furtives qu’elles se faufilent partout, et viennent même murmurer à l’oreille des fauves, pendant leur sommeil, en toute impunité. D’aucuns prétendent qu’une part de l’intelligence des puissants leur vient de ces voix qui les inspirent à leur insu.

Le couple de souris se retrouve tous les soirs à l’heure du coucher du soleil, après le jour passé à fureter à la recherche de quelques graines, attendant leur tour de boire, au point d’eau, à mi-chemin de la rivière à sec.

Marc : « J’ai encore entendu Hubris aujourd’hui raconter des sornettes, j’étais juste dans l’arbre au-dessus de sa tête, quand ce monstre pétri de certitudes a proposé d’étendre le territoire des lions au prétexte qu’ils sont plus intelligents et donc plus méritants que les autres animaux, et que tous les animaux lui doivent désormais allégeance : lui seul peut les protéger de Sapiens. »

Lysa : « Tout roi qu’il est, il faut bien qu’il boive ! Quand va-t-il s’arrêter ? »

Marc : « Jamais, Hubris continuera jusqu’à son lit de mort. Il lui en faut toujours plus. Il rêve tellement de grandeur, de gloire, qu’il réécrit l’histoire à la mémoire des lions, qu’il exige d’occuper un monde plus vaste, et sans cesse trop petit, qu’il s’inquiète de ce qui lui échappe, et croit dur comme fer qu’il y a le monde des lions et le monde des autres animaux, indigne d’être vécu et à assimiler. »

Lysa : « Il va s’amuser avec Sapiens ! En voilà un autre qui se complait dans la démesure. Tu vois Sapiens révérer le roi lion ? crois-tu qu’ils aillent se faire la guerre ? »

Marc : « C’est vrai que quand je vois à quel point Sapiens est convaincu qu’il connait le monde et qu’il a raison à priori en toute circonstance, je me dis qu’il pourrait aussi s’appeler Hubris. » 

Lysa : « Marc, j’ai peur que même nous, les souris, soyons exposées à la démesure !»

Marc : « Tu exagères, nous sommes si petits ! si furtifs ! qui peut nous trouver menaçants ? Et puis s’il leur venait l’idée de s’en prendre à nous, il suffirait que nous leur glissions à l’oreille pendant leur sommeil ce que nous voulons qu’ils fassent. En fait Lysa, l’air de rien, nous sommes les maîtres du monde. »

Lysa tristement : « C’est bien ce que je disais. »

Tant nous nous captivons pour la déraison de l’autre, que nous nous rendons aveugles à la nôtre.

Venez découvrir comment la Logique Emotionnelle décrypte nos fictions et nos certitudes, comment à partir de nos désirs, et de l’élan de vie qui forge nos habitudes comportementales et mentales, nous évoquons nos ressentis et donnons au monde le sens qu’il a pour nous. Un chemin de responsabilité vers plus de sagesse et de mesure.

Olivier Vidal

Quand l’actualité vient résonner… émotionnellement

Kyiv, Qu’écouter ? Qui écouter ? Comment se laisser in-former ?

J’écoute avec stupeur les informations : L’Ukraine est envahie.

Les militaires aux ordres de Poutine bombardent les villes et les habitants. Ils visent ceux qu’ils nomment les « anti-russes », tuent leurs frères pour rétablir la « Grande Russie ».

Poutine menace d’utiliser l’arme nucléaire. Tétanisés que nous sommes, malgré l’invasion, nous n’enverrons pas de soldats se faire tuer pour l’Ukraine. Ni s’interposer ?

J’ai peur. Suis-je sous les bombardements ? Habité je l’Ukraine ? Suis-je ukrainien ? Suis-je anti ou pro russe ?

Non.

Qu’est-ce que je fais qui contribue à l’exaspération de ma peur ? Je m’informe en regardant seul l’info continue à la télé ou en balayant sans fin le fil d’un réseau social…

Vite un appui. Je sature mon attention d’infos et d’images extérieures.

Je regarde, j’entends se répéter des informations alarmantes, les sirènes avant bombardements. Je suis saisi, ça se crispe en moi. Je retiens mon souffle. Pour avoir de l’air et me sentir plus sûr, je respire plus fortement. Je me rends compte que j’alimente ainsi mon sentiment de peur. Il s’accentue, je m’imagine les méchants russes d’un côté et de l’autre « nous » les démocrates, avec à l’avant-poste, sur le front, des ukrainiens qui se, et nous, défendent.

Je me rends compte que je filtre. L’écho continu comble les espaces vides où je pourrais « penser par moi-même », espaces vides qui me font chercher encore davantage d’appuis, et j’ai peur d’avoir peur. J’angoisse. Je m’imagine moi aussi au milieu de cette guerre, comme victime de bombardements, comme soldat. J’appartiens à un « nous » univoque, coagulé par l’ennemi.

C’est comme si, à force d’être saturé d’images, d’informations, je m’absentais de moi-même, je me confondais avec la communauté des témoins impuissants. Plus personne en moi pour s’appuyer sur quoi que ce soit… je m’absente de moi-même dans une sureté qui s’évanouit aussi vite… une consistance, à chaque instant remise en cause, évanescente…

Et soudain, j’entends un témoignage, celui d’une jeune ukrainienne, Anna. Au 7ème jour de l’invasion, seule dans son appartement à Kyiv, sous le risque permanent d’un bombardement, elle a choisi de vivre dans son couloir plutôt que de se terrer dans le métro.

La journaliste, depuis son studio télé parisien (que je regarde depuis mon salon douillet parisien), lui demande : « Si vous ne partez pas de Kiev c’est parce que vous n’avez pas pu ou bien c’est par choix ? Après un silence, elle répond : « Mais ce n’est pas à nous de partir… c’est aux militaires russes ! ».

Là, sous la menace du feu, elle ajoute : « J’ai une chose importante à vous demander, s’il vous plait, il faut dire « Kyiv », ne dites plus « Kiev » ».

Je fais silence.

Au prix potentiel de sa vie, une jeune Ukrainienne tient à ce que je, nous, dans nos lieux sûrs, disions Kyiv et pas la forme russe Kiev ! L’écouter me serre le cœur. Je me dis « quel courage ! »

Et j’ai peur, moi, à Paris ?

Je ralentis.

Pour être un peu plus à sa hauteur, vivre sans ignorer ce qu’il se passe là et qui me concerne ici, pour davantage habiter mon propre espace – c’est-à-dire avec consistance et liberté, je me demande ce que je peux ajouter dans mon comportement immédiat…

J’arrête la télé.

Le lendemain j’écoute des émissions de radio, sans images, plus approfondies,

Et puis j’écoute parler dans une langue que je ne connais pas, encore, encore.

Écouter, laisser résonner. Je me sens lié. Sans comprendre. Imaginer.

Je lis des articles de fond, traduits de l’ukrainien ou du russe, écrits depuis d’autres contextes, je fais des liens avec d’autres textes, je m’étonne de certains mots, je cherche à prendre en compte d’autres points de vue…

J’ai d’abord l’impression d’être davantage perdu, sans opinion, sans avis univoque à croire ou rejeter, et plus je persévère et fais du tri et plus « la lumière se fait » : des appuis commencent à se faire jour. Je me dis que c’est difficile de comprendre ET je me sens plus assuré.

Je mobilise ma capacité de penser, je fais de la place et me fabrique un, des, avis, une représentation kaléidoscope, et non plus simplement binaire.

Ce que je trouve : coincé que j’étais dans une angoisse, maintenant je me donne du champ, de la liberté et des appuis. Penser un peu différemment. Retrouver tout à la fois sérénité et rage. Par un travail d’appropriation, en filtrant les informations… Ce qui est réel est bien là, présent, mais ma représentation du réel, sous forme de menace, se mâtine d’autres représentations, d’indignation. Je retrouve de la capacité d’agir, de dire. J’écris un travail sur ce sujet que je partagerai avec d’autres. Je me fie à mes propres ressources intérieures davantage que je me fonds dans l’opinion « pilule ».

Sous la menace de bombe, Anna se dit, Anna nous dit, Anna nous donne à entendre à quel point certains mots, certains sons (« Kyiv ») sont essentiels à la vie, quitte à, pour un temps, surseoir à sa propre sûreté, quitte à, pour un temps, assourdir ses propres maux.

Elle nous rappelle : les mots créent le monde que nous voulons voir advenir. Quel mot souhaitez-vous faire entendre ? Quels mots étrangers à vous même écoutez-vous comme on regarde au fond des yeux d’un être cher : non pour sonder mais pour faire écho et dire « Tu es » à notre sœur. Anna quand elle s’adresse à nous ? « Anna tu es » et Kyiv m’habite déjà radicalement différemment depuis que je me suis laissé in-former par toi, quoiqu’il advienne, je suis un peu de ce Kyiv, modeste et humble, presque rien et déjà tant face aux métaux aveugles et brûlants.

A quel point, écoutons-nous, habitons-nous les mots que nos frères, nos proches, nous offrent à entendre ? Ces mots étranges qui disent tout à la fois, à qui veut bien les entendre indiscernables dans le bruit et la fureur, et leur humanité et la nôtre ?

Car écouter, quand bien même, c’est un geste de reconnaissance : je reconnais que tu existes, et de fraternité : sans te comprendre, tant que je continue à t’écouter, tu es mon frère. J’appartiens à la même communauté des humains, et en même temps nos identités sont singulières.

Serait-ce là, la voie vers la paix ?

Usha Matisson

Pour apprendre à « écouter pour mieux s’entendre » :

« Il est flou ! »

Aujourd’hui, lundi, c’est la réunion coordination. Tout le monde est présent sauf Augustin (celui-ci a la charge d’une mission pour l’entreprise, il travaille sur ce sujet depuis longtemps).

Voilà ce qui ressort de la discussion : « C’est flou ! Ce que dit Augustin de sa mission est vraiment flou. Nous, on ne comprend rien, c’est vraiment trop flou ».

Les échanges s’intensifient : « D’ailleurs, son comportement aussi est flou ! On ne sait pas ce qu’il veut faire ! Est-ce qu’il arrête, quand, est-ce qu’il continue de s’en occuper. Il n’est pas clair ! »

Seule Noémie exprime autre chose : « Pour moi, ses propos sont clairs : il dit et redit depuis plusieurs mois qu’il va cesser cette mission. Mais je vois qu’il continue ».

En quoi la logique émotionnelle pourrait éclairer cette saynète ? Comment pourrait-t-elle aider les participants à s’entendre ?

  • D’abord, que se passe-t-il au sein du groupe ?

Il y a un écart entre différents points de vue. Parmi les participants certains, les plus nombreux, décrivent une attitude floue chez Augustin et un seul autre décrit une attitude claire.

  • Ralentissons pour mieux observer ce qui se passe et nous mettre en rapport avec ces différentes informations.

Pour ce faire, tournons notre attention vers l’intérieur de chacun. La LE nous rappelle que nos représentations sont des fictions qui s’élaborent en soi avant de devenir des projections, des jugements sur l’autre ou les autres que soi.

Il s’agirait, fort de cette connaissance, alors d’oser se poser cette question :
Tiens, en parlant d’Augustin, je me rends compte que je me l’imagine flou. Ce flou parlerait-il de moi ? Ou plutôt de mes habitudes et mes actions quand je suis dans certaines situations ? Mais lesquelles ? Peut-être des situations qui me sont étrangères, que je méconnais et qui m’apparaissent complexes. Alors, cela m’arrange de considérer l’autre et son comportement comme étant flous. C’est sans doute une façon de me débarrasser de ce dans quoi je me sens perdu. Tout cela parle de moi ».

Voilà ce que la logique émotionnelle a à dire.
Mais de même, Noémie, dont le point de vue est tout autre, pourrait en ralentissant se questionner : « Cette clarté parle sans doute de moi ! Peut-être que je pose mon attention sur ce que je comprends des propos d’Augustin sans regarder que son attitude est en décalage avec ses mots. Ah, je reconnais là une habitude : voir ce qui m’arrange et éviter ce qui me dérange »

  • Monde flou/monde clair parle de nos représentation du monde environnant car l’humain fictionne et se représente l’autre, lui-même et ce qui l’environne. L’esprit filtre les informations qui arrivent jusqu’à lui par ses sens, il filtre en fonction de mémoires engrammées, d’évènements antérieurs qui s’apparentent à la situation qu’il vit aujourd’hui.

A chaque instant, le cerveau fait le tri parmi des milliers d’informations, il a conservé les mémoires de chaque choc aussi minime soit-il. Et pour aller de l’avant, nous nous remodelons, notre cerveau créé un nouveau petit bout de notre identité.

Et Augustin ? Est-il flou ou clair ? La question est ailleurs que dans cette binarité. Elle est dans la connaissance du processus qui nous responsabilise face à l’attitude de l’autre.

  • La discussion peut alors se clore sur une ouverture : « Je propose de prendre date pour éclairer la situation en écoutant vraiment Augustin et en regardant avec lui ses comportements en rapport avec son intention »

Pour voir plus clair en vous et autour de vous, venez rejoindre la prochaine formation « Percevoir la réalité »

Et apprenez à nourrir votre désir (intention) de clarté !

Catherine Le Sage

Pour que 2022 soit une année nouvelle !

Et si nous ajoutions à l’expression automatique de nos sentiments sous forme de vœux, voire socialement obligatoire, un petit plus en lien avec le désir d’existence ?

Par exemple… Pour 2022, je vous souhaite de cultiver la joie de la Curiosité !

La curiosité était considérée autrefois comme un vilain défaut par l’adulte auquel l’enfant posait une question… à laquelle il préférait éviter de répondre.

La curiosité est pourtant le souci qui, par un retour de la pensée sur elle-même, questionne, interroge, pour dégager le chemin de la connaissance en deçà des habitudes et des réponses toutes faites. Et ce faisant, elle permet de retraiter nos habitudes — cognitives — et nos commentaires — automatiques — à l’aune de notre responsabilité.

La curiosité est un drôle de ressenti qui fait suite au soin que nous portons à notre existence et celle des autres et du monde, un sentiment d’ouverture qui commence par « c’est quoi ? ».

La curiosité invite à faire du neuf avec l’ancien : il suffirait de regarder le connu — l’habitude — comme si nous le voyions pour la première fois, avec étonnement. « Ah, c’est cela que je fais ? »

La curiosité, c’est chercher à croitre avec économie, à recycler l’énergie de l’agitation ou de la colère dans un acte choisi. De l’écologie appliquée.

La curiosité, c’est se retourner vers ce qui est à l’origine, la mémoire corporelle, pour y entendre la vitalité à l’œuvre. Sans jugement ni justification.

La curiosité, c’est ajouter de l’écoute quand on cherche à s’expliquer dans les justifications et de la parole quand on cherche à se cacher dans le silence.

La curiosité, c’est veiller à laisser de côté les tentations automatiques de la pensée vers « L’autre qui… » ou vers le « Je sais bien ! »

La curiosité est la source de la responsabilité !

Allez, je vous souhaite de renouveler votre année et d’être curieux !

Catherine Aimelet Perissol

Le cadeau de la vie

Des cadeaux, la vie nous en offre à maintes occasions. Il y a ceux qui fêtent les anniversaires – de naissance, de mariage… -, ceux qui célèbrent nos réussites – diplômes, création d’entreprise… – et ceux qui marquent, un peu partout dans le monde, l’esprit de Noël.

Tous ces cadeaux que nous offrons ou recevons s’inscrivent dans le monde matériel. Mais il en est d’autres, moins visibles, plus subtils dont nous entendons parler dans cette phrase « il y a un cadeau derrière ».
Derrière une situation, ou une expérience, dans laquelle nous nous sentons déstabilisés, chamboulés.
Comme si, dans tout ce que nous traversons de difficile, il y avait « toujours » la possibilité d’une « bonne surprise » à découvrir dans l’instant comme une évidence, ou un peu plus tard, voire beaucoup plus tard, lorsque nous avons encaissé le choc ou sommes capables de prendre du recul.

Quel regard pose la LE sur ces épineux cadeaux de la vie ?

Un cadeau c’est « ce que l’on offre à quelqu’un à titre gracieux pour lui faire plaisir ». Dans le corps, et plus particulièrement dans le cerveau, le cadeau c’est celui qui active le circuit de la récompense nous permettant ainsi de gouter un état de satisfaction physique et psychique.
Partant de là, voir chaque évènement si désagréable soit-il comme un cadeau exprimerait le désir d’avoir toujours de la satisfaction (ou du bien-être).
Or, notre corps face à une situation inattendue ou non expérimentée, réagit à partir d’un contexte, somme de toutes nos expériences passées. Rien ne garantit que ce que le corps va éprouver soit « toujours » du côté du plaisir, et donc d’un cadeau à reconnaitre. Au contraire, selon ce que nous avons vu, entendu, touché qui nous fait nous sentir heurtés, bousculés, freinés etc… et selon la façon dont nous y répondons, nous pouvons faire l’expérience de l’inconfort, de la difficulté ou encore de l’ennui.
Et c’est en allant d’abord contacter ce qui se passe en nous, puis dans un second temps en observant ce que nous faisons, concrètement, avant d’écouter ce que nous nous racontons pour donner du sens à ce que nous avons vécu, que nous pouvons faire le tri entre ce qui est « bon, satisfaisant » pour nous et ce qui ne l’est pas.

Ce fameux « cadeau » qu’il faudrait voir dans chacun des événements que la vie nous donne à vivre n’est-il pas là ? Dans cette expérience sensible du vivant à l’intérieur de nous, de ce qui nous met en mouvement et qui nous apprend un peu plus chaque jour comment nous fonctionnons et comment nous pouvons prendre soin de nous dans l’instant.


Il n’y a rien à attendre de l’extérieur. Le cadeau nous nous l’offrons à nous-même en nous redonnant notre part responsable, et donc actrice, pour répondre en conscience à la situation dans laquelle nous nous sommes sentis déstabilisés.

A quelques semaines de Noël, je vous souhaite autant de cadeaux que d’évènements traversés.

Caroline Wietzel

Je danse avec les Extrêmes

Entre les deux, mon cœur balance. Je peux voir le verre complètement vide et puis, un moment plus ou moins long plus tard, le voir complètement plein. Je peux agir dans un sens et l’instant d’après, opérer dans le sens contraire. D’ailleurs, je peux même trouver cela très évident et naturel, me tournant, ainsi que d’autres, en bourrique. Et ce faisant, me sentir étourdie, comme si le vertige me prenait, tant je peux me surprendre à agir comme une girouette. 

« Logique ? » Me risquerais-je ?  

Eh bien, oui. La « Logique Émotionnelle » apporte un éclairage singulier sur cette valse en fondant ce phénomène sur la biologie, plus précisément sur l’homéostasie. Elle permet de donner du sens à ce tourbillon mental et comportemental !

L’homéostasie, c’est cette fourchette définie par les deux termes inférieur et supérieur que nous regardons, toutes et tous, sur le côté droit du document lorsque nous tentons de déchiffrer les résultats de nos analyses biologiques. Le bon chiffre est celui qui se situe dans cette fourchette. Et dès qu’il en sort nous remarquons qu’il est noté en gras… 
Notre vie, notre santé, notre bien-être physiologique –donc psychique aussi- dépend du maintien de nos chiffres à l’intérieur de cette fourchette de valeurs, sinon ils signalent un désordre.

Comment la LE et son corollaire l’homéostasie peuvent-elles m’aider à comprendre cette danse avec les extrêmes, telle une girouette intérieure qui entretient chez moi indécision et frustration ? Comme un désordre des solutions de mon corps esprit ?

Il me semble sincèrement, considérant la vitesse de circulation des échanges dans le cerveau, que mes pensées, mes comportements, et mon agitation vont de pair. En effet, si je regarde au ralenti mon mouvement adaptatif, je peux voir que mes habitudes de répondre aux événements sur un mode défensif sont des réponses automatiques empreintes de survie certes, que le balancier s’impose comme une solution, mais qu’en même temps elles ont quelques conséquences.

Pour autant, vouloir échapper au processus, lutter contre, subir comme une fatalité ce phénomène vivant de complémentarité des polarités, c’est prendre le risque de générer encore plus de stress. Qui peut même être compris comme une résistance au processus naturel de la vie au nom d’en éviter les conséquences ! Avoir « toujours plus » pour ne « manquer jamais » de sûreté ou de liberté par exemple, est la voie la plus sûre pour entretenir la pression intérieure mais aussi extérieure, sur son environnement. La LE, en décrivant le mouvement de balancier entre deux extrêmes, me donne la possibilité de mieux me connaitre ainsi que des indications pour me rapprocher de la fourchette d’équilibre.

A moi de développer mon attention au langage de mon corps esprit, à oser considérer la valeur vitale de mon tourbillon !

Yassamane Sassanfar

Oser l’incertitude

Sous le ciel de nos contrées, plusieurs générations ont eu la chance et le plaisir de vivre dans des conditions plutôt privilégiées, sans guerre, sans épidémie grave, sans famine… et nous nous y sommes habitués.
Au point de penser que c’est la norme ! Le jour s’est levé hier, avant-hier, et tous les jours d’avant, et donc il se lèvera demain, après-demain et tous les jours d’après.
De cela nous sommes sûrs ! Pourtant, ce n’est que le résultat de ce que nous avons observé, de notre expérience mémorisée.

Aussi dès qu’une situation inédite arrive ou nous arrive, nous voilà d’abord pris de panique à rechercher toujours plus de sécurité, les uns dans la version sûreté, les autres dans la version liberté. Ou pris de raideur à imposer encore plus d’Identité, les uns dans la version appartenance, tous pareils, les autres dans la version différence, distinction.

D’un côté nous savons que le monde change sans cesse, régie par l’impermanence — qui est d’ailleurs la seule permanence — et de l’autre nous fantasmons quand même d’éviter le manque et de conserver un environnement sûr, voire sûr et certain… Et si nous acceptons le changement, c’est seulement du côté du bon et du mieux.

Pour autant, ce que nous expérimentons au quotidien a une tout autre couleur, avec des chocs inévitables et des habitudes réactives. Toujours la même loi biologique à l’œuvre qui nous presse de nous adapter : soit nous prenons toutes les opportunités de satisfaction, soit nous évitons, contrôlons ou encore nous résignons et subissons. Lorsque nous restons enfermés dans nos habitudes, avec un résultat prédictif satisfaisant pour faire face à la situation, innover, imaginer, créer, prendre le risque de l’incertitude devient difficile.

Comment alors sortir de ses habitudes, se mettre en accord, s’accorder avec le changement, que ce soit l’environnement, nos proches, ou encore nous-mêmes ? Comment devenir un individu qui agit en conscience de ce qui l’anime, des lois biologiques à l’œuvre, plutôt que de subir le modèle unique de survie ?

Comment la LE peut-elle nous aider à relever ce défi ?

Oser l’incertitude, c’est s’ouvrir à la situation, oser prendre un risque avec un résultat (encore) incertain. C’est oser agir en conscience pour sortir des impasses, sans témérité, mais avec courage, en s’appuyant sur l’intelligence du système émotionnel : l’information sensorielle, le sens vital de ce que nous faisons déjà, notre capacité à innover dans le même objectif de vie. Car il s’agit bien à la fois de garantir les moyens de notre existence, mais en sortant de nos évidences pour passer par une autre voie.

Agir en conscience et en connaissance nous demande de ralentir, de nous poser pour réaliser ce qui vient nous choquer, interroger les représentations qu’inévitablement nous élaborons, énoncer les habitudes que nous avons mises en place, et s’ouvrir au formidable potentiel qui est le nôtre et qui reste encore à explorer.

Sylvie Alexandre-Rochette

Que dit la logique émotionnelle de l’alignement ?

Voilà que sonne l’heure de la rentrée, à la fois différente et toujours la même, avec son cortège de bonnes résolutions tissées par l’envie de faire autrement. Maison, travail, famille, amis, santé… tous les pans de la vie, ou presque, sont revus à l’aune des expériences et décisions estivales.
Comme une urgence à répondre enfin aux promesses oubliées, aux valeurs malmenées, aux signes négligés.
Dans le yoga que j’enseigne, cet impératif à suivre ce qui nous parait essentiel est illustré par le terme d’« alignement ». Et nous accompagnons volontiers le propos d’un geste de la main qui, partant du front, glisse en ligne droite jusqu’au sternum. Aligner mental et cœur, corps et esprit, terre et ciel.
Que dit la logique émotionnelle de l’alignement ?

Regardons le mot. « Aligner » vient du mot « lin ». Le terme s’est étendu de l’objet en lin au trait tracé. Sans précision de droiture. Pourtant, la première image mentale qui me vient est celle de quelque chose de droit, verticalement ou horizontalement. D’ailleurs, notre langage parle volontiers d’alignement des planètes (les unes derrière les autres), des chakras (les uns au-dessus des autres), des phrases (les unes après les autres) ou d’une politique (l’une en miroir de l’autre).
Mais cette représentation spatiale est-elle applicable au mot tel qu’il est utilisé dans le yoga ou dans toute pratique spirituelle ?
Cette idée d’un « tracé » implique-t-elle immobilité, inertie voire, puisque c’est aligné, que cela ne bouge plus ?

La LE nous rappelle que la force du vivant, c’est d’aller chercher un équilibre qui soit favorable à la vie.
« La nécessité d’être en équilibre est inscrite au plus profond de nos cellules » nous en dit Catherine Aimelet Perissol.

En effet, et sans que nous en ayons conscience, notre corps perd l’équilibre, cherche et le retrouve constamment puis tend à le conserver coûte que coûte. Ne serait-ce que physiquement pour, en bon bipède, tenir debout ce qui est l’aspiration naturelle du corps. Si nous prenons l’exemple de la marche nous voyons bien qu’il y a un mouvement qui nous fait passer d’un état de déséquilibre (sur un pied) à celui d’équilibre (revenir sur deux pieds).
L’un ne va pas sans l’autre : l’équilibre est un mouvement, une alternance dans le temps et non un état de stabilité fixe, tout comme la nuit ne va pas sans le jour ou le vide ne va pas sans le plein.
La pratique yogique ne saurait échapper à ce processus.
Lorsque nous cherchons à nous aligner c’est à partir d’une expérience éprouvée de perte d’alignement, d’une sensation corporelle ou d’un sentiment psychocorporel de désalignement. Nous pouvons nous sentir tiraillés, divisés ou encore oppressés : ces ressentis sont des signaux que le mental fait résonner au travers des mots et des pensées.
Mais à côté de tout ce que nous nous racontons «  quelque chose se passe en moi et m’invite à retrouver l’alignement… ». Comme un fil que nous reprenons là où nous l’avons laissé avant que le flux (ou la somme ? ) de nos habitudes nous pilotent (en mode automatique). Ce fameux fil de « lin » dont est tiré le mot « alignement » et qui, lorsqu’il est tissé, dessine un entrelacs. Nous pouvons alors voir l’alignement telle une trame nous conviant à regarder ce qui se vit. Une boucle un peu lâche ou trop serrée perturbe l’équilibre, l’harmonie d’un canevas identifié comme essentiel et favorable à la vie.

Retrouver un alignement est un mouvement dont le but est de nous faire sentir l’équilibre de ce tissage, non pour le garder et y rester toujours mais pour connaitre le chemin qui nous y conduit.

Caroline Wietzel

L’habitude nous joue des tours, nous qui pensions …

L’habitude nous joue des tours, nous qui pensions que notre Moi conscient était à la manœuvre dans tous nos choix et nos rythmes de vie. C’est méconnaître la force du Moi des habitudes.

Dès le matin chacun d’entre nous a son petit rituel, douche puis petit déjeuner, ou le contraire, à moins que ce soit réveiller les enfants d’abord puis préparer le petit déjeuner car votre douche, vous la prenez le soir !

Sur cette planète, le vivant répond à des biorythmes fait d’habitudes. Même l’univers en a, la Terre tourne toujours dans le même sens autour du soleil par exemple. Habitudes qui favorisent l’harmonie et l’équilibre des forces.

Dès que nous avons suffisamment répété un geste, la mémoire procédurale fait le reste, et nous pouvons le répéter sans avoir à y penser. Les sportifs le savent bien, les musiciens aussi, qui répètent inlassablement les mêmes gestes. Cette mémoire procédurale, celle qui mémorise la procédure des actions, est tapie dans les profondeurs de nos circuits neuronaux.

Quand vous avez appris à conduire, vous avez sans doute trouvé la tâche complexe : débrayer pour passer la vitesse avec la main droite en gardant la gauche sur le volant, accélérer du pied droit et lâcher l’embrayage du pied gauche, tout en regardant devant vous, vigilant à ce qui se passe autour, et attentif à l’itinéraire pour vous rendre à destination. Quelques années plus tard, vous conduisez sans y penser, au profit de penser à votre journée, aux tâches urgentes, à la liste des courses, la facture à payer, ou à vous refaire le scénario du conflit avec votre voisine… Votre corps-esprit agit jusqu’à ce que la perception d’une situation inhabituelle vous sorte de vos rêveries : un carambolage, un orage soudain, une route barrée… et vous voilà revenu à la réalité du moment présent.

Regardons-y de plus près : la logique émotionnelle nous apprend que la voie du désir, autrement dit de l’élan vital, se déploie en habitudes, comportementales et aussi mentales. Pourtant nous pouvons remettre en question cette boucle vertueuse quand nous constatons que notre comportement est inadapté, comme freiner quand survient un obstacle alors que la route est enneigée. Dans ce cas précis votre habitude, qui s’est pourtant imposée à vous, est inadéquate à la situation puisqu’il y a de fortes probabilités que vous partiez dans le décor.


Nos habitudes se sont installées parce qu’elles ont été sources de satisfaction : quand je freine, j’évite l’obstacle. Elles ont ceci d’extrêmement précieux qu’elles favorisent DE FAIT la persévérance. Quand une action a été source de récompense, il est évident dans nos connexions neuronales qu’elle va l’être à nouveau pour répondre à notre désir. Elles sont aussi écologiques puisqu’elles libèrent de l’espace mental pour d’autres décisions ou réflexions, pendant que nous agissons presque hors décision consciente.


Mais elles ont aussi quelques inconvénients.
Notre vigilance est amoindrie : ainsi vous venez de vous couper le doigt en cuisinant, ou avez un accident à 50 m de chez vous. Un autre inconvénient est qu’elles sont comme des partenaires muets qui s’imposent à nous, que nous le voulions ou non.
Lutter contre ses habitudes ou s’en vouloir de les avoir revient à lutter contre soi-même et c’est intenable. Les « il faut que j’arrête de me plaindre, de me mettre en colère, de grignoter… » occupent tout notre espace mental, mettent à mal notre volonté et nous usent à force d’inefficacité. Voie sans issue donc que se demander d’arrêter. Il s’agirait plutôt d’OUVRIR notre champ des possibles et décider (par) quoi commencer : plutôt qu’arrêter de me plaindre, commencer à cultiver le contentement ? Plutôt qu’arrêter de me mettre en colère, cultiver la bonne humeur ? Plutôt qu’arrêter de grignoter, décider de manger uniquement pendant les repas ?


Le défi est de synchroniser la force d’attraction profonde et opiniâtre du désir avec nos intentions conscientes, en mettant en place une nouvelle habitude. Cela demande un effort de volonté jusqu’à ce que l’habitude s’installe. Il s’agit d’être modeste, de persévérer, et d’orienter son esprit et ses actes vers une nouvelle forme de récompense plutôt que de vouloir cesser ce qui s’est installé.


Et si vous commenciez par prendre l’habitude de parler de ce qui est, de l’existant, à la forme affirmative, comme proposé dans notre précédent clin d’œil ?

Sylvie Alexandre-Rochette

Qui suis-je ? Expérimenter la forme affirmative …

Avez-vous déjà porté attention à la forme des réponses que vous apportez aux questions banales du quotidien ou aux propos que vous formulez dans vos notes professionnelles ?

La forme négative vous est-elle familière pour exprimer vos sentiments, vos actes ou vos idées ?

« Je ne suis pas en forme ce matin…
« Je n’ai pas bien dormi cette nuit…
« Je ne suis pas passionnée par cette émission, ce livre, cet article…
« Je n’ai pas terminé ce dossier…
« Je n’ai pas lu ton mail…
« Je n’ai pas réussi à clarifier ce point…
« Je ne suis pas d’accord avec cette stratégie, cette décision…
« Je ne partage pas ton point de vue…
« Je n’ai pas le temps de …
« Je n’aime pas ton costume…
« Je n’apprécie pas ce plat…
« Je n’ai pas… Je ne suis pas… Je ne partage pas … Je n’aime pas… »

Utiliser la forme négative, c’est exprimer ce qui n’est pas, ce qui manque, comme un creux, une faille, un vide, un gouffre, un abysse, … qui pourrait être aussi un abri, une tanière, une grotte, une caverne, un repli …

Utiliser la forme négative, serait-ce donc une forme d’évitement, de zapping, de raccourci, de facilité, de solution de paresse au regard de l’effort que représenterait une forme affirmative ? Affirmation de ce qui est déjà là, de ce que j’ai déjà, de ce que je suis au présent, de ce que j’aime, de ce que je partage, de ce que j’ai déjà fait ou réussi, de ce que j’apprécie en ce moment…
Forme affirmative à ne pas confondre avec la forme positive où « Je ne suis pas en forme ce matin » se traduirait en « Je suis en forme ce matin » !

La forme affirmative exige de l’attention, de l’application, de la délicatesse, du soin, un peu de zèle et de la diligence dans le choix du mot qui me définit, me reflète, me qualifie…
« Je suis un peu raide ce matin », « J’ai dormi cinq heures cette nuit », « J’ai écrit la moitié de cet article », « J’ai déjà rédigé trois pages », « J’ai entendu ou je comprends tes arguments : les miens sont les suivants… », « Je préfère ton costume bleu », « J’ai déjà trois réunions. Mon emploi du temps est complet ce matin. Que pourrais-tu proposer d’autre ? » …

La forme affirmative est celle que choisit la voie du désir, celle qui construit pas à pas, qui cherche la justesse, qui donne du goût à l’existence, du sens et de l’ambition à nos choix…
Elle procure une grande satisfaction et c’est celle qu’apprécie notre corps et notre cerveau !

Qui suis-je finalement ?
J’ai choisi pour l’illustrer un extrait du dernier livre d’Edgar Morin « Les souvenirs viennent à moi » : « …Je suis un Tout pour moi, tout en n’étant quasi rien pour le Tout. Je suis un humain parmi huit milliards, je suis un individu singulier et quelconque, différent et semblable aux autres. Je suis le produit d’évènements et de rencontres improbables, aléatoires, ambivalentes, surprenantes, inattendues. Et en même temps, je suis Moi, individu concret, doté d’une machine hypercomplexe auto-éco-organisatrice qu’est mon organisme, machine non triviale, capable de répondre à l’inattendu et de créer de l’inattendu. Le cerveau donne à chacun l’esprit et l’âme invisibles au neuroscientifique qui analyse le cerveau, mais émergeant en chaque humain dans sa relation avec autrui et avec le monde. »

Maïté Pecqueur
Psycho praticienne et co-autrice du livre « La vie secrète des émotions »

Institut de Logique Emotionnelle - 9 rue d'Avron 75020 Paris

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