Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

Auteur/autrice : Yassamane Sassanfar

Je danse avec les Extrêmes

Entre les deux, mon cœur balance. Je peux voir le verre complètement vide et puis, un moment plus ou moins long plus tard, le voir complètement plein. Je peux agir dans un sens et l’instant d’après, opérer dans le sens contraire. D’ailleurs, je peux même trouver cela très évident et naturel, me tournant, ainsi que d’autres, en bourrique. Et ce faisant, me sentir étourdie, comme si le vertige me prenait, tant je peux me surprendre à agir comme une girouette. 

« Logique ? » Me risquerais-je ?  

Eh bien, oui. La « Logique Émotionnelle » apporte un éclairage singulier sur cette valse en fondant ce phénomène sur la biologie, plus précisément sur l’homéostasie. Elle permet de donner du sens à ce tourbillon mental et comportemental !

L’homéostasie, c’est cette fourchette définie par les deux termes inférieur et supérieur que nous regardons, toutes et tous, sur le côté droit du document lorsque nous tentons de déchiffrer les résultats de nos analyses biologiques. Le bon chiffre est celui qui se situe dans cette fourchette. Et dès qu’il en sort nous remarquons qu’il est noté en gras… 
Notre vie, notre santé, notre bien-être physiologique –donc psychique aussi- dépend du maintien de nos chiffres à l’intérieur de cette fourchette de valeurs, sinon ils signalent un désordre.

Comment la LE et son corollaire l’homéostasie peuvent-elles m’aider à comprendre cette danse avec les extrêmes, telle une girouette intérieure qui entretient chez moi indécision et frustration ? Comme un désordre des solutions de mon corps esprit ?

Il me semble sincèrement, considérant la vitesse de circulation des échanges dans le cerveau, que mes pensées, mes comportements, et mon agitation vont de pair. En effet, si je regarde au ralenti mon mouvement adaptatif, je peux voir que mes habitudes de répondre aux événements sur un mode défensif sont des réponses automatiques empreintes de survie certes, que le balancier s’impose comme une solution, mais qu’en même temps elles ont quelques conséquences.

Pour autant, vouloir échapper au processus, lutter contre, subir comme une fatalité ce phénomène vivant de complémentarité des polarités, c’est prendre le risque de générer encore plus de stress. Qui peut même être compris comme une résistance au processus naturel de la vie au nom d’en éviter les conséquences ! Avoir « toujours plus » pour ne « manquer jamais » de sûreté ou de liberté par exemple, est la voie la plus sûre pour entretenir la pression intérieure mais aussi extérieure, sur son environnement. La LE, en décrivant le mouvement de balancier entre deux extrêmes, me donne la possibilité de mieux me connaitre ainsi que des indications pour me rapprocher de la fourchette d’équilibre.

A moi de développer mon attention au langage de mon corps esprit, à oser considérer la valeur vitale de mon tourbillon !

Yassamane Sassanfar

Mon regard LE sur la vie de la cité

Formée à la logique émotionnelle (L.E.), je me surprends de plus en plus régulièrement à chercher à relier les éléments de ma vie quotidienne et de mon environnement avec les étapes de la « grille » de lecture du processus émotionnel. Je me vois extraire certaines informations et reconnaitre que la sélection est l’œuvre du filtrage d’informations qui s’effectue automatiquement.
Cette grille de lecture est donc devenue un filtre supplémentaire grâce auquel je regarde les autres, le monde et moi-même! Telle est la loi de la biologie : nous percevons en fonction de filtres de représentation, tous orientés vers le maintien de la vie.


Je m’aperçois que mon attention se porte, de manière spontanée, sur certains mots : ils m’apparaissent pertinents, saillants… selon ma propre grille de lecture émotionnelle, bien sûr. Ils sont en rapport avec l’identité, le besoin d’être en lien avec ses deux polarités : l’appartenance et la différence.

Comment la logique émotionnelle peut-elle m’aider à éclairer les enjeux de territoire dont nous parlent tant les médias ?

En regardant les mots qui m’interpellent : séparatisme, appartenance, protectionnisme, luttes identitaires, frontières, protection, droits nationaux, migrants, libre-circulation, communauté, union, fédéral, gouvernement cantonal, sécurité, libertés publiques, immunité collective, responsabilité individuelle, se protéger, protéger l’autre. Ceux-là mêmes qui, par ailleurs, servent à décrire le besoin d’identité à l’œuvre. Car les mots servent à décrire l’existence qui se joue d’abord sans mot, dans le champ émotionnel du vivant, avant la traduction de ce vivant dans le langage et la pensée.

Ainsi mon esprit tricote, tisse. Des liens se dessinent : l’autre, le domaine de la relation, de la rencontre, ou de la rupture, de la reconnaissance, masqué, ou pas ; domaine de l’identité, de la lutte ; domaine de la famille, de la tribu et de la cité. Au niveau du discours politique et social se réfléchissent les mêmes mécanismes de singularité, de différence, d’appartenance. Lire Antonio Damasio, Henri Laborit et Francesco Varela, fut pour moi la révélation de l’extension du biologique, du niveau cellulaire vers le champ du groupe social des individus, selon un champ de forme de plus en plus ample. Écouter les informations du moment me semble plus audible avec la boussole de la grille de lecture des émotions ! Un repère !

Prennent sens alors, au travers de mon regard « L.E. », les expériences multiples de contrôles d’identité, de formalités de passeports aux douanes, autant d’actions teintées de valeur biologique. Le « corps » social fonctionne avec un système immunitaire, veilleur et sentinelle, en mission de reconnaissance du connu versus l’inconnu ; du familier, pourrais-je dire du national, versus l’étranger, voir l’intrus et même, l’indésirable. L’inconnu, c’est celui appartient à l’ailleurs, le différent, le non-connu, le non-reconnu. Qui pourrait faire danger quand il ne correspond pas au déjà connu, au déjà enregistré comme « bon pour la vie »…

La LE donne à voir, avec humilité combien nos actes sont faits d’habitudes défensives, automatiques et non conscientes, orientées vers la survie de l’être vivant. Habitudes habillées d’explications, de justifications et d’interprétations.

Yassamane Sassanfar

Institut de Logique Emotionnelle - 9 rue d'Avron 75020 Paris

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