Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

Auteur/autrice : Sylvie Alexandre Rochette

De la négociation à l’éducation, pratique de la Logique Emotionnelle.

De tout temps l’homme s’est intéressé aux lois de la nature vivante. Aujourd’hui les chercheurs en neurosciences décrivent les règles, les lois qui concernent le fonctionnement humain tel que nous pouvons l’observer et le préciser à ce jour. Ces multiples travaux mettent en évidence combien notre cerveau est un formidable système adaptatif pour développer la vie.

A partir de ce fonctionnement de base, invariant pour tous, le Moi individuel pose ses règles, construites au fil des expériences et des mémoires, des fictions et des blessures du corps esprit. Quelles que soient les approches, psychiques, philosophiques ou anthropologiques, le Moi est un formidable système d’apprentissage qui permet le développement de la vie.

A première vue, les deux devraient plutôt bien coopérer et favoriser, autant en soi qu’avec les autres et le monde, de bonnes relations.

Alors, où est-ce que cela cloche ? D’où vient cet état de conflit, intérieur comme extérieur, cette pression à dominer, à regarder la fin du mois plus que la fin du monde, à abimer la nature, terrestre, animale et humaine, à (se) juger, à (se) dévaloriser ?

Comment comprendre cette tension intérieure, ce rejet de son corps en miroir d’une idéalisation d’un corps parfait ?  L’homme, cette espèce déboussolée décrite par l’anthropologue François Flahaut, n’est-il mu que par son hubris, son excès de prétention et d’égoïsme, son moi désirant avoir toujours et toujours plus, et donc débordant ? Ce regard sur nous-même nous porte vers une négociation sans fin avec nos actes, nos pensées, nos représentations, nos biais cognitifs, nos envies, nos besoins… Image d’un puits sans fond ! Nous nous épuisons à nous remplir mais en même temps dévaluons, doutons, annulons ce que nous faisons entre deux sursauts de colères contre soi ou les autres !

La Logique Émotionnelle propose un autre regard : le Moi déborde du fait de l’insuffisance d’attention et de conscience que nous lui portons.

Pour paraphraser le propos d’Albert Camus « un homme ça s’empêche, ou sinon…», ajoutons qu’un homme, ça s’éduque. Nous avons aujourd’hui la formidable opportunité de nous éduquer au fonctionnement de notre système nerveux, à la langue de l’émotion, et de mettre cette connaissance en pratique dans notre vie quotidienne.

Alors, est-ce que l’homme est mu par son hubris ? Oui, quand il se défend dans son urgence à exister. Pas de mal à ça, mais du mal survient à persévérer dans cette habitude. Mais déjà l’Homme s’est éduqué, et déjà nous nous empêchons… plus ou moins selon l’attention portée au Moi qui sent, qui éprouve, qui fait, qui pense. Bref qui existe.

Étudier la LE et apprendre à l’utiliser, c’est relier notre attention au moi vivant, opérant, désirant qui nous anime, et relativiser l’hubris automatique par une éducation volontaire à soi-même qui donne au Moi une valeur biologique en croissance en relation avec son environnement.  

Points de vues en question

  •  « Evidemment tu n’es pas objective, c’est ton mari et tu le défends toujours.
  • Pas du tout, ça n’a rien à voir. C’est toi qui n’es pas objectif, tu es jaloux.
  • Je suis peut-être jaloux, mais toi tu as un voile devant les yeux qui t’empêche de voir ses travers, tu te fais des illusions.
  • Arrête, c’est toujours les mêmes histoires avec toi, tu as tort mais tu veux quand même avoir raison… »

Petite scène du quotidien où nous pouvons déjà entrevoir que ces deux-là vont avoir bien du mal à se comprendre, chacun restant sur son point de vue.

Nous connaissons tous la fable des aveugles qui donnent leur représentation d’un éléphant à partir de l’endroit où il le touche, puis se disputent lorsqu’ils échangent leurs idées, chacun voulant avoir raison, sûr de sa perception.

La morale de cette métaphore est que nous avons tendance à croire que nous avons une perception objective de la réalité alors qu’elle est fondée sur notre expérience subjective limitée, et, conséquence, nous avons tendance à mésestimer l’expérience subjective limitée des autres, qui a elle aussi sa part de vérité.

La connaissance selon laquelle notre cerveau est aux commandes d’une représentation du monde plus ou moins fictionnée est maintenant très répandue grâce à la vulgarisation des travaux neuroscientifiques. Jusqu’à entendre parfois que notre cerveau nous trompe ou encore nous joue des tours. Le cerveau serait un organe indépendant de nous ou capable de se berner lui-même ?

Entre penser sans discernement que nous percevons tout de la réalité et douter de tout car notre cerveau nous ferait prendre des vessies pour des lanternes, quel est le juste milieu ?

Le monde extérieur semble si complexe qu’en miroir notre système perceptif et interprétatif de la réalité est lui aussi très complexe. Pour donner sens, notre cerveau reconstruit les images, filtre les sons, et comme c’est un organe historique, fait de mémoires, il nous donne à voir et entendre « quelque chose » de suffisant pour nous adapter. Est-ce la réalité, toute la réalité ? Non. Est-ce que pour autant nous devons nous en méfier comme si rien n’était vrai ? Non plus. Entre les 2, il y a cette connaissance que nous sommes ainsi faits, ce qui peut nous aider à relativiser nos interprétations et nos croyances.

L’Institut de Logique Emotionnelle propose une approche qui intègre ces différents paramètres pour donner sens à nos émois et en faire des données utiles dans notre façon de conduire nos vies et d’entrer en relation. Il s’agit d’ajouter la conscience des causes structurelles qui donnent forme à nos représentations ! En effet, à quoi sert toute cette connaissance si nous l’« ignorons » dans notre façon d’être et d’agir ?

Savoir que nous interprétons et fictionnons notre rapport au monde nous rend plus humbles ! Nous voilà plus enclins vers des relations de coopération, au-delà de nos idéaux de liens sous la forme d’accords merveilleux qui, bien trop souvent évoluent vers des règlements de compte… Remercions notre aptitude à inventer des histoires -comme si elles étaient vraies- et à les partager.

Oser l’incertitude

Sous le ciel de nos contrées, plusieurs générations ont eu la chance et le plaisir de vivre dans des conditions plutôt privilégiées, sans guerre, sans épidémie grave, sans famine… et nous nous y sommes habitués.
Au point de penser que c’est la norme ! Le jour s’est levé hier, avant-hier, et tous les jours d’avant, et donc il se lèvera demain, après-demain et tous les jours d’après.
De cela nous sommes sûrs ! Pourtant, ce n’est que le résultat de ce que nous avons observé, de notre expérience mémorisée.

Aussi dès qu’une situation inédite arrive ou nous arrive, nous voilà d’abord pris de panique à rechercher toujours plus de sécurité, les uns dans la version sûreté, les autres dans la version liberté. Ou pris de raideur à imposer encore plus d’Identité, les uns dans la version appartenance, tous pareils, les autres dans la version différence, distinction.

D’un côté nous savons que le monde change sans cesse, régie par l’impermanence — qui est d’ailleurs la seule permanence — et de l’autre nous fantasmons quand même d’éviter le manque et de conserver un environnement sûr, voire sûr et certain… Et si nous acceptons le changement, c’est seulement du côté du bon et du mieux.

Pour autant, ce que nous expérimentons au quotidien a une tout autre couleur, avec des chocs inévitables et des habitudes réactives. Toujours la même loi biologique à l’œuvre qui nous presse de nous adapter : soit nous prenons toutes les opportunités de satisfaction, soit nous évitons, contrôlons ou encore nous résignons et subissons. Lorsque nous restons enfermés dans nos habitudes, avec un résultat prédictif satisfaisant pour faire face à la situation, innover, imaginer, créer, prendre le risque de l’incertitude devient difficile.

Comment alors sortir de ses habitudes, se mettre en accord, s’accorder avec le changement, que ce soit l’environnement, nos proches, ou encore nous-mêmes ? Comment devenir un individu qui agit en conscience de ce qui l’anime, des lois biologiques à l’œuvre, plutôt que de subir le modèle unique de survie ?

Comment la LE peut-elle nous aider à relever ce défi ?

Oser l’incertitude, c’est s’ouvrir à la situation, oser prendre un risque avec un résultat (encore) incertain. C’est oser agir en conscience pour sortir des impasses, sans témérité, mais avec courage, en s’appuyant sur l’intelligence du système émotionnel : l’information sensorielle, le sens vital de ce que nous faisons déjà, notre capacité à innover dans le même objectif de vie. Car il s’agit bien à la fois de garantir les moyens de notre existence, mais en sortant de nos évidences pour passer par une autre voie.

Agir en conscience et en connaissance nous demande de ralentir, de nous poser pour réaliser ce qui vient nous choquer, interroger les représentations qu’inévitablement nous élaborons, énoncer les habitudes que nous avons mises en place, et s’ouvrir au formidable potentiel qui est le nôtre et qui reste encore à explorer.

Sylvie Alexandre-Rochette

L’habitude nous joue des tours, nous qui pensions …

L’habitude nous joue des tours, nous qui pensions que notre Moi conscient était à la manœuvre dans tous nos choix et nos rythmes de vie. C’est méconnaître la force du Moi des habitudes.

Dès le matin chacun d’entre nous a son petit rituel, douche puis petit déjeuner, ou le contraire, à moins que ce soit réveiller les enfants d’abord puis préparer le petit déjeuner car votre douche, vous la prenez le soir !

Sur cette planète, le vivant répond à des biorythmes fait d’habitudes. Même l’univers en a, la Terre tourne toujours dans le même sens autour du soleil par exemple. Habitudes qui favorisent l’harmonie et l’équilibre des forces.

Dès que nous avons suffisamment répété un geste, la mémoire procédurale fait le reste, et nous pouvons le répéter sans avoir à y penser. Les sportifs le savent bien, les musiciens aussi, qui répètent inlassablement les mêmes gestes. Cette mémoire procédurale, celle qui mémorise la procédure des actions, est tapie dans les profondeurs de nos circuits neuronaux.

Quand vous avez appris à conduire, vous avez sans doute trouvé la tâche complexe : débrayer pour passer la vitesse avec la main droite en gardant la gauche sur le volant, accélérer du pied droit et lâcher l’embrayage du pied gauche, tout en regardant devant vous, vigilant à ce qui se passe autour, et attentif à l’itinéraire pour vous rendre à destination. Quelques années plus tard, vous conduisez sans y penser, au profit de penser à votre journée, aux tâches urgentes, à la liste des courses, la facture à payer, ou à vous refaire le scénario du conflit avec votre voisine… Votre corps-esprit agit jusqu’à ce que la perception d’une situation inhabituelle vous sorte de vos rêveries : un carambolage, un orage soudain, une route barrée… et vous voilà revenu à la réalité du moment présent.

Regardons-y de plus près : la logique émotionnelle nous apprend que la voie du désir, autrement dit de l’élan vital, se déploie en habitudes, comportementales et aussi mentales. Pourtant nous pouvons remettre en question cette boucle vertueuse quand nous constatons que notre comportement est inadapté, comme freiner quand survient un obstacle alors que la route est enneigée. Dans ce cas précis votre habitude, qui s’est pourtant imposée à vous, est inadéquate à la situation puisqu’il y a de fortes probabilités que vous partiez dans le décor.


Nos habitudes se sont installées parce qu’elles ont été sources de satisfaction : quand je freine, j’évite l’obstacle. Elles ont ceci d’extrêmement précieux qu’elles favorisent DE FAIT la persévérance. Quand une action a été source de récompense, il est évident dans nos connexions neuronales qu’elle va l’être à nouveau pour répondre à notre désir. Elles sont aussi écologiques puisqu’elles libèrent de l’espace mental pour d’autres décisions ou réflexions, pendant que nous agissons presque hors décision consciente.


Mais elles ont aussi quelques inconvénients.
Notre vigilance est amoindrie : ainsi vous venez de vous couper le doigt en cuisinant, ou avez un accident à 50 m de chez vous. Un autre inconvénient est qu’elles sont comme des partenaires muets qui s’imposent à nous, que nous le voulions ou non.
Lutter contre ses habitudes ou s’en vouloir de les avoir revient à lutter contre soi-même et c’est intenable. Les « il faut que j’arrête de me plaindre, de me mettre en colère, de grignoter… » occupent tout notre espace mental, mettent à mal notre volonté et nous usent à force d’inefficacité. Voie sans issue donc que se demander d’arrêter. Il s’agirait plutôt d’OUVRIR notre champ des possibles et décider (par) quoi commencer : plutôt qu’arrêter de me plaindre, commencer à cultiver le contentement ? Plutôt qu’arrêter de me mettre en colère, cultiver la bonne humeur ? Plutôt qu’arrêter de grignoter, décider de manger uniquement pendant les repas ?


Le défi est de synchroniser la force d’attraction profonde et opiniâtre du désir avec nos intentions conscientes, en mettant en place une nouvelle habitude. Cela demande un effort de volonté jusqu’à ce que l’habitude s’installe. Il s’agit d’être modeste, de persévérer, et d’orienter son esprit et ses actes vers une nouvelle forme de récompense plutôt que de vouloir cesser ce qui s’est installé.


Et si vous commenciez par prendre l’habitude de parler de ce qui est, de l’existant, à la forme affirmative, comme proposé dans notre précédent clin d’œil ?

Sylvie Alexandre-Rochette

Le mal a du bon sens

Nul n’est naturellement méchant. Cette parole attribuée à Socrate interroge chacun sur le véritable sens de la méchanceté et donc du mal. Celui que nous faisons, celui que nous éprouvons comme celui que nous subissons du fait des comportements et des paroles de certains autres.
Pour certains thérapeutes, le travail s’achève lorsque le patient a intégré, en conscience et en bienveillance, que le mal existe. Il est devenu ainsi un adulte capable de faire le choix du bien. Non pour se rassurer ou obtenir des autres une assurance sur sa propre valeur, mais pour découvrir cette route semée d’embûches qu’est la vie de tout Être Humain.


Si cette question nous semble importante, c’est que son étude devrait pouvoir soulager la crispation de nombre d’entre nous sur l’obsession du seul bien-être. Car si chacun s’accorde à reconnaitre la valeur biologique du plaisir, nous ne pouvons que nous alerter d’une culture qui le porte aux nues avec le fantasme d’un toujours plus qui ne fait qu’entretenir nos peurs de manquer. La ruée dans les magasins de la semaine passée en dit long sur cette habitude de faire en sorte de ne surtout jamais manquer de rien !
Comment la connaissance de la logique et l’intelligence du processus émotionnel peut nous aider à voir plus clairement ?


Le mal est un mal nécessaire. L’expérience du mal, de la douleur favorise l’éveil du besoin inconscient de protéger l’existence même du corps et par conséquence, la stimulation dans l’esprit des moyens de répondre de cette existence, par la mémoire et la créativité. Il ne s’agit donc pas là de morale mais de biologie.
Pour que le corps puisse être informé, pour que se forme en lui un marqueur somatique selon les mots d’Antonio Damasio, l’expérience du mal être, de la douleur, de la peine, du manque, de la perte de vitalité semble être la voie mise en place par le langage biologique. Et ce pour l’ensemble des êtres vivants. La question n’est donc pas « faut-il souffrir pour vivre ? » mais plutôt « comment la souffrance nous invite à mieux vivre ? »


Accepter cette réalité biologique comme une donnée vitale, source d’inspiration et non punition, peut bouleverser le paradigme dans lequel nous sommes enfermés à force de rechercher tous les moyens pour être bien… sans mal. Alors que la biologie utilise la variation plus et moins comme donnée pour concourir à l’équilibre, l’Humain la voit comme une dualité insupportable où le mal devrait disparaitre. Or malgré nos efforts, force est de constater l’échec de cette vision.


Pour preuve l’actualité de la pandémie Covid19. Nous fantasmons d’éradiquer des formes de vie pour protéger la nôtre. Et plus nous faisons cela, plus nous créons de déséquilibre. Pourtant nous sommes tous informés des déséquilibres créés par l’activité humaine sur notre Terre. Des voix s’élèvent contre ces pratiques, d’autres persistent à faire un peu plus de la même chose.


Le problème n’est pas de vouloir persévérer dans son être, qui est l’apanage de toute forme de vie, c’est la solution du coûte que coûte qui pose problème. Et là les décisions prises au nom de la protection de la collectivité ont un air de coûte que coûte à court terme, quelles que soient les conséquences sur l’avenir. Et ce sans amener chacun à prendre la responsabilité de son propre équilibre : comment favoriser la performance de son propre système immunitaire ? Là est notre pouvoir.


Nous pouvons donc nous interroger sur les décisions de l’exécutif de la privation d’une part de ce pouvoir puisque le sport, la culture, les loisirs, les contacts sociaux favorisant le rire et les échanges…, privilégient la santé par l’apport d’endorphines et diminuent l’excès d’hormones du stress dans le corps. Toute forme de vie s’organise avec les polarités conservation-croissance. Privilégier la seule polarité conservation au détriment de la polarité croissance, ou l’inverse, signifie à terme la mort, que ce soit de l’être comme des sociétés.


Tout comme les 200 avocats et juristes qui ont signé un appel au déconfinement à défendre la vie sous tous ses aspects, « nous nous inquiétons ainsi de devenir cette société du risque zéro qui serait prête à ne plus vivre pour ne pas mourir, et sacrifier pratiquement tout, ses conditions normales de vie, les rapports sociaux, le travail, et même les amitiés, les affects et les convictions politiques et religieuses à la menace de se contaminer. »


On parle de mal pour un bien… Est-ce que le mal actuel peut nous amener à prendre la mesure de l’incidence sur l’environnement, notre entourage, et nous-même de nos comportements ? Est-ce que le mal actuel qui ronge notre société pourrait être l’ouverture vers une prise de conscience que nous faisons partie d’un éco-système dont nous sommes tous, collectivement et individuellement, responsables ? Certains l’ont espéré lors de la première vague de la pandémie, et celle-ci passée nous sommes repartis à nos activités comme si de rien n’était.


Saurons-nous prendre l’opportunité de la deuxième vague pour ouvrir nos yeux ? Puisque la Nature échappe aux bonnes volontés du bien des Hommes, notre intérêt est de la comprendre pour faire alliance avec elle, et sûrement pas de chercher à la neutraliser ou la contrôler.
Le mal existe pour nous informer, nous orienter vers le bon, non seulement pour soi, mais aussi les autres et le monde dont nous faisons partie, dont nous sommes une partie et auquel chacun participe à sa façon. Il a une fonction d’inspiration à la créativité de la nouveauté, sachons la saisir.

Catherine  Aimelet Périssol
Sylvie Alexandre Rochette

Restez chez vous !

Tel a été le mot d’ordre pour se protéger, prendre soin de soi et des autres en ces temps de pandémie. Deux mois de confinement qui ont été vécus plus ou moins bien selon sa situation familiale, ses conditions de logement, son approche de la sécurité, son attachement à son identité sociale et le sens donné à sa vie.

Chacun s’est accommodé, certains privilégiant la sûreté en remplissant les placards et rester à la maison, d’autres la liberté en profitant de toutes les possibilités pour sortir coûte que coûte. Bon an mal an, chacun s’est adapté, et à la sortie du confinement, restent quelques traces mémorielles et comportementales de cet épisode. Quand les uns y voient l’opportunité d’un changement de vie et de paradigme bénéfique, d’autres regrettent le confort du connu et restent angoissés, irritables ou encore déprimés.

Avec l’été arrive le temps des vacances, moment de ressourcement ou d’évasion attendu par beaucoup. Sauf que les frontières restent fermées, les gestes barrières de rigueur, et le port du masque obligatoire dans bien des endroits. Cette situation inédite pour nous est vécue par bon nombre comme insupportable.

Alors, comment retrouver sécurité intérieure et apaisement ?

Le lieu de sécurité intérieure inaltérable est de revenir chez soi, à son être en vie dans l’instant. Et d’y rester… chez soi ! Pas confinés entre nos quatre murs, mais en portant attention à ce qui se passe en soi, dans une présence attentive à sa respiration pour commencer, à l’air qui entre par les narines, aux sensations de nos poumons qui se déploient, au ventre qui se gonfle, aux côtes qui se soulèvent… et la même attention sur l’expire. Tout un champ d’expériences sensorielles, de la perception de la température de l’air à la résonance que cela a en soi…
Un exercice tout simple qui s’appelle méditation.

En quoi la LE donne du sens au geste de méditer ?
La méditation, comme la Logique Émotionnelle, sont des pratiques d’attention.

La LE encourage le ralentissement pour avoir le reflet de l’expérience du corps qui émerge dans le mental. Reflet de ce qui sait la vie en soi et la maintient en tout premier lieu de façon automatique, hors conscience et hors volontarisme. Nos habitudes mentales et comportementales sont empreintes de cet automatisme, trop souvent à notre insu. Réfléchir est communément utilisé comme cette capacité à penser, sans entendre le reflet, celui de la vie du corps, dont la pensée serait en quelque sorte le haut-parleur. « Je pense donc je suis », nous dit Descartes. Je pense permet donc d’accéder à cette connaissance que je suis.

Or nous ne cessons de penser et de commenter, souvent de façon réactive, sans laisser le temps à l’expérience de s’installer et de se refléter dans notre mental. Nous finissons par prendre nos commentaires intérieurs pour la réalité.
La LE nous propose de nous poser, de sentir ce que nous sentons comme la seule vérité intime qui nous appartient en propre, non partageable, et à rester un peu à cet endroit de rencontre avec le monde sensoriel, celui de la première sensation qui nous pousse à la réaction, puis celui de nos ressentis accompagnés de toutes ces pollutions mentales qui suivent nos habitudes.

Rester chez soi en méditation est un bon entrainement pour entrer en contact avec ce qui nous anime. C’est oser la prise de risque de sortir de nos habitudes et de franchir le cap de l’inconnu. Sortir de nos habitudes pour innover de nouvelles façons d’être au monde.
Car nous serons amenés à nous rendre compte de nos distractions mentales, entre retour sur un passé qui n’existe plus et une projection sur un futur qui n’existe pas encore. La LE demanderait à quoi sert d’inviter ces personnes, ces situations, ces événements dans ma méditation ? Ces pensées nous disent quelque chose de nos désirs, de notre élan vital.

A force d’entrainement ce geste simple de se poser, dans une posture le dos droit, peut devenir une spirale vertueuse en réalisant que la vie est là en soi, que nous respirons, que nous pouvons à force de discipline apaiser notre mental, qu’il est bon d’être là, présent à soi-même. Que nous sortons du mode réactif pour entrer dans le mode actif.

Si vous persévérez, ce rituel du rendez-vous avec vous deviendra une nécessité, et vous y prendrez goût tant il est bon d’être là, posé, vivant, apaisé.

Sylvie Alexandre Rochette

Une rentrée ouverte sur le possible …

C’est la rentrée. Le petit Robert nous dit que ce mot vient de Préau, petit pré, enclos, pour perdre son sens d’origine et se transformer en cours intérieure, cloitre, prison, hôpital. Le mot évoque aussi un retour. Après la liberté des vacances, ce mot évoquerait-il un retour à une vie plus encadrée, avec des horaires et de nouveaux défis à relever ? Avec confiance en soi requise ?

C’est l’été, je bois un café sur ma chaise longue en regardant alentour. Une famille est là, avec son dernier né. Papa le tient sous les aisselles pour faire quelques pas, maman en face à quelques mètres. « Viens mon bébé » lui dit-elle. Papa le lâche et vaillamment le petit s’élance vers elle en faisant quelques pas. Maman recule, le petit s’étonne, ouvre grand les yeux, vacille puis tombe sur les fesses. Heureusement, la couche amortit la chute ! Une grimace pointe sur son visage, il semble qu’il va pleurer. Mais maman s’extasie « oh c’est bien mon Sacha, tu deviens grand. Viens voir maman mon cœur ». Et joignant le geste à la parole, elle lui ouvre grand les bras qu’elle tend vers lui. Un sourire se dessine sur le visage du petit, puis un grand rire. Il plante les deux mains au sol, relève ses fesses, puis lâche le sol et se relève tout entier. A nouveau il avance, papa l’encourage « vas-y, c’est bien, tu es presque arrivé ». Il continue en riant, tout tendu vers son but, les bras de maman. Il accélère, un peu château branlant, manque de tomber, mais les bras de maman l’accueillent et le soulèvent. Papa les rejoint, tous trois sourient et rient. Le jeu se répètera plusieurs fois.

Nous avons tous été ce bébé, confiant en nos capacités, inconscient des risques, juste prêt à les prendre. Que s’est dit-il donc passé pour qu’au fur et à mesure que nous grandissions, la confiance devienne une injonction plutôt qu’une ouverture sur le possible ? Qu’avons-nous ajouté qui nous rend si hésitant, doutant de nous ? Certes il y a la référence au connu. Nous emmagasinons dans notre système nerveux le résultat de nos expériences comme satisfaisant ou non satisfaisant. Mais est-ce tout ?

La Logique émotionnelle nous dit que la confiance en soi est structurelle, ontologique. Le corps s’appuie sur ses propres forces pour rétablir l’équilibre perdu, c’est le propre de l’homéostasie.  Ainsi donc, structurellement, nous ne pouvons pas ne pas avoir confiance en soi.

Alors quoi ? D’où nous vient cette idée d’un manque de confiance en soi ? D’une idée justement, voire d’un idéal. L’idéal de toujours réussir, d’être toujours satisfait. Nous avons donc ajouté un « toujours » à la formule avoir confiance en soi. Ce qui n’est plus du tout la même chose : avoir toujours confiance en soi. Il est logique qu’à force de vouloir toujours la réussite, nous finissions par craindre l’échec.

Comment retrouver notre enthousiasme pour oser s’élancer ? Car nous avons tous osé, quelles que soient les circonstances, puisque nous savons tous marcher. Nous avons appris tant de choses déjà. Nous avons osé l’échec, plus ou moins consciemment, plus ou moins consentant. Cela a été plus ou moins facile… et possible.

La sécurité intérieure est un savant mélange entre ses ressources structurelles et le rapport à l’environnement. Mais plus nous regardons l’extérieur comme source de danger et d’imprévus, moins nous regardons nos ressources pour atteindre nos objectifs. Car il ne s’agit pas de se détourner de notre désir de réussite, mais bien de considérer le possible qui s’offre à nous. Cela demande d’oser le risque et une bonne dose de persévérance. Comme ce petit que nous avons été, nous sommes tombés, nous sommes relevés, tombés encore, et au fur et à mesure nos muscles se sont affermis, nos jambes nous ont portées, et aujourd’hui nous marchons sans nous poser de questions.

Nous pouvons voir la rentrée comme un retour vers le connu, ou bien comme une voie ouverte devant soi pour de nouvelles expériences avec la base solide de nos ressources, nos compétences et notre potentiel à dé-couvrir.

Nous vous souhaitons bonne route.

Sylvie Alexandre Rochette

Une croyance à haut risque !

Nous croyons que la réalité est celle que nos sens perçoivent : la « faute » à la conscience et à son effet miroir qui se fait une image des informations venues de l’extérieur pour agir et conserver, coûte que coûte, l’équilibre intérieur.


De ce regard fixé sur notre seule humanité, nous en avons oublié le lien intime que nous avons avec le niveau d’organisation qui nous englobe, celui de la Terre. Nous nous croyons séparés pour ne voir de ce qui nous entoure qu’un formidable jardin où nous pouvons puiser à l’infini, sans s’occuper si notre comportement a une incidence sur l’équilibre de celui-ci.

Or, un individu, c’est d’abord un organisme vivant, un être qui fait partie d’un Tout et qui répond à la logique du vivant. Depuis la molécule, la cellule, l’organe (rein, foie, cœur…), le système (vasculaire, endocrinien, digestif…) jusqu’à l’individu (unité indivisible organisée).
Et cet individu s’inscrit dans un environnement, il vit dans un espace-temps socio culturel, et dans cet espace il entretient des relations et des échanges : au niveau familial, professionnel, amical, national, jusqu’à l’organisation au niveau mondial de l’espèce humaine.
Mais pas que puisqu’il dépend aussi de la qualité de l’air qu’il respire, de la qualité de l’eau et des aliments qu’il absorbe… Tout individu a besoin d’énergie, énergie qui nous vient des molécules des végétaux via leur travail de photosynthèse. D’où notre lien avec le règne végétal et animal, mais aussi avec les sols et la roche de notre biosphère, et plus loin, le soleil qui rend possible la photosynthèse.

Y porter atteinte, c’est porter atteinte au vivant ! Et au vivant que nous sommes …

Aujourd’hui l’alarme sonne, et sonne de plus en plus fort… nous commençons juste à voir et vivre les désagréments de ce déséquilibre, mais nous avons bien du mal à changer nos habitudes de vie.
On le sait, mais jusque-là…. Ça va !  et nous continuons à chanter « tout va très bien Madame la marquise ».
Et il y a un risque et un coût élevé pour nous individu, et pour tout ce qui nous environne, si nous continuons à croire que nous pouvons agir sur notre environnement et que lui n’agit pas sur nous. Ne serait-il pas temps  de changer certaines de nos habitudes consuméristes ? Nous en avons les moyens et les ressources.

En quoi la Logique Émotionnelle pourrait-elle nous aider à mieux accepter cette réalité ?

En nous donnant à comprendre cette logique du vivant justement, avec les différents niveaux d’organisation de notre structure, qui est d’abord corporelle avec des milliards de cellules qui coopèrent pour maintenir notre structure individuelle vivante. A comprendre pourquoi nous nous sentons submergés par nos émotions jusqu’à en perdre notre latin, pourquoi nous ressentons l’angoisse ou la déprime jusqu’à en perdre la raison, et pour… quoi enfin nous répétons des comportements dont nous aimerions tant nous défaire !

Nous sommes des êtres de mémoire qui répétons les comportements qui ont permis ce maintien par le passé. Cela s’appelle les habitudes. Elles répondent à notre désir de vie, ont leur intelligence, mais à défaut d’y mettre de la conscience, elles s’imposent avec leurs corollaires : l’angoisse et le mal-être, et tout un monde de représentations et de croyances.

Nous vivons dans un monde de défis. Ces systèmes de représentations et de croyances sont des programmes mentaux que nous avons mis en place au fur et à mesure des difficultés rencontrées, qui nous ont été utiles car ils nous ont donné des repères pour garantir notre sécurité, prendre notre place dans le monde, et nous protéger de la souffrance. Ces programmes peuvent aussi devenir nos ennemis et nous enfermer dans nos représentations, bloquer nos mouvements et notre créativité, et qui ne nous évitent même plus d’être submergés et accablés par ces défis.

Lo logique émotionnelle nous invite à repérer nos croyances et nos évidences toutes les fois où nous pensons ne pas pouvoir faire autrement, malgré le coût sur nos vies et nos relations.
Et à chercher d’où me vient cette évidence ? Ai-je agi pour protéger, préserver quelque chose ? Quand nous comprenons le sens de nos actes, nous pouvons alors reconsidérer ceux-ci et voir si nous pouvons faire différemment…
Nous avons beaucoup plus de ressources que ce que nous croyons.

La découverte de notre nature physique nous amène à prendre conscience des différents niveaux de notre être et des relations que nous avons avec toute forme de vie.  Nous pouvons nous ouvrir à cette réalité et élever nos niveaux de conscience.
Cessons d’être soumis au système, emparons-nous de sa connaissance et sa logique pour l’employer à notre bénéfice, qui est aussi celui de notre entourage et notre environnement.
En commençant là où nous avons la main : c’est-à-dire le respect de notre être et sa bio-logique, ainsi nous sommes naturellement amenés à respecter les autres et la nature.

Sylvie Alexandre Rochette

Institut de Logique Emotionnelle - 9 rue d'Avron 75020 Paris

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