Extrait d’une vie
La logique émotionnelle a éclairé l’illusion de ma pensée en passant par ma réalité corporelle.
Apprendre à me comprendre et à donner sens à qui je suis avec ce que je suis.
La peur me révèle mon besoin de sécurité.
Il m’est arrivé parfois de m’abreuver de connaissance et d’entrouvrir des portes pour gouter à la connaissance du corps. Cette fois ci j’en suis persuadée. Revenir au corps pour mieux me rencontrer. Sa structure, sa physiologie, son contour tout autour. Qui dit se connaitre dit s’expérimenter par le corps qui se lie à la pensée. Il vaut mieux peu de mots qu’un grand discours.
Le contact de la matière, mon ossature, ma chair peau/tissu, peau/tissu/sol, le contact par pression, par effleurement, par étirement, par la détente. Mon corps avec ses repères dans l’espace permet de me sécuriser et de m’assurer pour évoluer. Je m’écoute respirer, je me découvre de l’intérieur, cet univers inconnu qui devient connu peu à peu. Une danse à deux, moi et l’environnement. Moi et la montagne. Parfois je me laisse surprendre par des pentes douces ou raides. Des éboulis de pierre, des bouquetins ou des oiseaux de passage. Cette fois ci c’est lors d’une randonnée dont le passage du câble m’est conté. J’appréhende déjà ce qu’il risque de m’arriver.
Le moment venu, je laisse place à l’action. M’autoriser, oser vivre intensément. Trouver mes repères c’est aussi proposer à la peur de se vivre. Lui permettre d’apparaitre pleinement même si le saisissement m’oppresse, je prends appui tel un escargot. Je m’agrippe, je me hisse doucement tout en étant attachée, sécurisé pour plus de sûreté. Baudrier, encordée et conseil pour poser le pied sur la roche, je suis guidée. Je lève les yeux au ciel, espérant que ma tentative s’arrête. Mes mains transpirent, suintent et ma respiration se fait courte. L’escargot porte sur son dos sa maisonnette d’angoisse. Je suis saisie mais avance en me frottant à la montagne. Le trajet de 3 mètres me parait devenir 3 kilomètres. Arrivée en sécurité mes yeux sont fermés. Je me calme par grandes inspire et expire. Mon ami me dit « tu ne risques rien ici ». J’ouvre les yeux peu à peu. Je vois une pente verte progressive sous mes yeux. Je suis rassurée, assurée.
J’aperçois avec surprise d’un retour réalisé sans peine. Les mouvements de mon corps plus léger, mes yeux se promènent. Je me dis une nouvelle fois que le mental est sacrément cristallisé dans mes fantasmes et dans ma chair. L’expérience est à réaliser et à analyser.
Je me permets en effet plus de surprise. Mon parcours en moto a été lui aussi révélateur. Passagère d’un jour mais pas pour toujours m’étais-je dis. Immobile, les yeux fermés pour assurer ma sécurité. J’ai eu le temps de distinguer un esprit dispersé d’un corps présent assurément. Distinguer ce que je me raconte de ce que je ressens m’a permis de faire baisser la pression émotionnelle. J’ai le droit d’agir ainsi pour sauvegarder, conserver ma structure, ce que je suis m’a permis une nouvelle fois de baisser ma pression émotionnelle. J’ajoute alors une solution, la respiration ventrale, inspire et expire lentement et consciemment. L’apaisement se produit. J’ouvre les yeux et apprécie petit à petit le voyage avec encore quelques tensions. Peu à peu, les ronds-points, les dépassements dans les files me surprennent et je prends goût à être bercer à droite, à gauche tel une danse avec moi et l’autre.