Des étiquettes aux « éthiquettes » !
Voici venu le mois de mars, le mois du retour du printemps et de son équinoxe, parfois arrosé de ses fameuses giboulées. Et, pour cette année 2020, mars est également le mois des élections municipales.
À ce sujet, vous avez sûrement entendu parler de la controverse sur la circulaire devant fixer le seuil au-delà duquel les préfets attribuent des étiquettes – le terme officiel étant « nuances » – aux listes candidates des élections municipales.
Certains candidats font ou souhaitent faire campagne sans étiquette… ce qui reste une étiquette ! C’est d’ailleurs ce que les médias mentionnent quand ils font un reportage sur ces derniers en indiquant entre parenthèses « SE » = sans étiquette.
C’est que, que nous le voulions ou non, nous ne pouvons pas ne pas « étiqueter ». Autrement dit, nous sommes construits cérébralement et cognitivement pour évaluer, classer, nommer, caser, affecter, …
En miroir de la perception initiale d’un événement, nous nous le représentons. Nos représentations concernent autant la situation que les protagonistes qui la jouent, nous compris. Elles sont faites de jugements, de croyances, de fictions même. Et elles nous sont utiles car elles permettent de donner du sens à ce que nous vivons, à notre passé et de construire notre futur.
Constituent-elles un problème ? NON… tant que nous conservons à l’esprit qu’elles sont utiles… et subjectives, qu’elles ne sont que des étiquettes que nous collons, sur nous et les autres. OUI… dès que nous sommes convaincus que ces étiquettes sont des vérités qui collent à la réalité, et enferment, nous et les autres, dans une vision réductrice. Étiquettes que celui-ci est vraiment « un escroc de première », que telle autre est la « douceur incarnée », que ce troisième « s’est fait tout seul », ou encore que cette dernière « est tout le temps sur mon dos ».
Car ces étiquettes parlent, finalement, bien plus de nous que des autres. Elles illustrent les besoins et désirs que nous cherchons viscéralement à garantir : ici, un désir d’honnêteté, là de douceur, là encore il s’agit d’autonomie, et pour terminer, souffle le vent de la liberté.
Alors, à l’aube de ce printemps, la saison du renouveau, franchissons une porte et osons le changement de paradigme. Envoyons valser les étiquettes et privilégions les « éthiquettes ». Si l’éthique se définit, de manière simple, comme la science des mœurs, quand nous cherchons son étymologie, nous trouvons le mot « soi ». Nous pourrions alors dire que l’éthique, c’est d’abord l’étude de soi.
Une étude dans laquelle il serait pertinent de regarder en quoi les étiquettes parlent de nous, de la façon dont nous nous sommes construits depuis nos besoins les plus basiques jusqu’à nos idéaux. Une étude où nous aurions à cœur d’identifier les besoins qui nous animent, les désirs qui orientent nos actions, cet élan de vie qui nous inspire et nous ouvre des portes : celles de nos ressources et de nos potentiels, celles d’un nouveau regard porté sur nous et les autres… qui éclate en autant « d’éthiquettes ».
C’est celui qui dit, qui est ? Non, plutôt : c’est celui qui dit qui parle de lui !