Serions-nous tous des mécréants ?
Y a-t-il quelque chose à vendre ?
Y a-t-il quelque chose à clamer ?
Que font-ils ces marchands du temple à l’ouvrage sur différents lieux et supports (journaux, livres, groupes, confréries, web) ? Ils vendent l’idée d’un état totalement soulagé de tout symptôme, de toute gêne ou de toute douleur. Du rêve, dans le domaine de la santé psychique ou physique.
Le marché de la psychologisation s’est largement développé favorisant un emballement de type encore « plus de santé », « plus de psy ». Jusqu’au goût pour la spiritualité, relié au désir de sens, lui-aussi devenu un marché : le business de la spiritualité est né et va jusqu’à se réclamer du vocable « ingénierie de la spiritualité »
Cela dit et en prenant un peu de recul sur l’humeur de ces commentaires, ce business est là depuis longtemps, depuis fort longtemps, depuis la nuit des temps. Serait-il alors lié à notre propre mode d’être humain ?
Comment la logique émotionnelle peut-elle éclairer ce processus qui va de la biologie évolutive à la création de la culture, celle du business notamment ?
Celui-ci se fabrique, ou plutôt, nous le fabriquons, autour des ressentiments : la souffrance, la peur, l’abus, la mort toujours possible, l’effondrement annoncé… Il surfe sur la montée d’une pression de performance. Le business s’autojustifie par la constatation de plus en plus de plaintes et d’anxiété…qu’il contribue lui-même à générer !
Mais, regardons plutôt la logique de nos émotions : plus nous cherchons à nous repérer aux seuls événements extérieurs, plus nous nous sentons perdus, plus nous cherchons à nous rassurer… et nous voilà à attribuer à toute sorte d’objet une valeur salvatrice : un autre, un animal, la nature, un gourou ou un « grand annonceur » de temps futur magique. Un sauveur, à la façon de l’enfant.
Quand toute son attention est orientée vers l’extérieur, l’humain se déboussole, s’agite, s’exacerbe, crie, à la recherche de la bonne personne, la bonne solution qui va enfin lui permettre de sortir de son état et de sa situation. Car, au nom de notre désir immanent de conservation et de croissance, nous cherchons à apaiser cette tension intérieure : nous passons d’une célébration à une autre…Halloween et Thanksgiving n’ont pas suffi à apaiser cette tension ? Ouf, Noël arrive ! En avant la réaction défensive de fuite, véritable solution à court terme qui peut devenir problème sur le long terme, entretenant des habitudes de contrôle et d’évitement propres à entretenir la peur….
La connaissance de la logique émotionnelle nous invite à faire un pas de côté : regarder le désir d’être vivant comme un moteur, observer ses habitudes de contrôle ou de fuite, toujours à la recherche de quoi se sentir exister, les reconnaitre sans les juger mais à l’aune de cette logique de vie qui nous anime !
Ecouter le bon sens de cette information présente, pour chacun, dans son intimité sensorielle, naître et renaitre à chaque respiration, à chaque instant dans notre base, notre bassin, notre sacrum (qui a donné naissance au terme « sacré ») pour que se déploie en conscience notre être tel qu’il est déjà avec tous ses potentiels, toutes ses capacités y compris… les plus défensives.
Un pas de côté vers soi, pour reconnaitre ce que nous sommes, des êtres vivants biologiques et de culture, comme des milliers d’autres de différentes espèces. Simplement.
Image par Gerd Altmann de Pixabay