La pression pour être zen, n’est-ce pas un comble ?
Des hauts et des bas
Au fil des entretiens d’écoute, mais aussi en lisant la presse ou en partageant tout simplement un diner entre amis, je m’interroge, voire je m’inquiète.
Ne savons-nous plus tolérer les bas, les creux de vie, les manques, les failles, les échecs ?
Ne sommes-nous plus que des individus seuls et contraints de réussir leur vie, de n’avoir que des hauts, d’avoir une croissance sans fin ?
Faut-il douter de soi et aller voir un psy dès qu’apparaissent un souci, une épreuve chez soi, chez son conjoint ou ses enfants ?
Dans un échange avec un journaliste à propos du burn out dans le milieu des jeunes artistes, nous en venions à évoquer le phénomène de harcèlement. Pour mettre en évidence que, si le harcèlement social et comportemental existe bel et bien dans tous les groupes : familles, écoles, entreprises, associations- c’est aujourd’hui, en plus, à un auto- harcèlement que nous assistons.
Une sur-exigence de moi vis-à-vis de moi qui devrait être plus, mieux dans sa peau, dans son job, dans son métier de parent, dans sa vie en collectivité… Jusqu’à l’effondrement.
Notre système émotionnel, dans son intelligence à veiller sur l’équilibre homéostasique, n’a alors plus que cette solution pour nous avertir de la dangerosité de faire dépendre notre existence d’une image idéalisée de soi, une image revisitée par ce que nous pensons que nous devons faire, être et donner pour avoir une place dans notre société.
Cet auto-harcèlement est sournois : nous avons bien compris qu’il ne faut pas attendre des autres de la reconnaissance, tous les journaux nous le rabâchent…
Mais nous n’avions pas prévu que c’est nous-mêmes qui nous infligerions cette pression, jusqu’à nous demander de gérer nos émotions et de ne se mettre aucune pression !
La pression pour être zen, n’est-ce pas un comble ?
Pression qui va devoir bien sûr trouver un exutoire, les autres : celui qui nous empêche ou nous blesse, les migrants, les politiciens, les voisins, les psys, ceux qui nous mentent, qui ne comprennent rien !
On rêve d’une vie tranquille, calme, en sécurité, sans vague.
Une vie sans tout ça, c’est-à-dire sans trouble, sans bas.
Mais est-ce une vie ?
N’est-ce pas plutôt une image de vie, idéalement débarrassée d’émotions, de vibrations, de doutes, d’épreuves ?
La connaissance du langage émotionnel nous donne à voir combien cette pression à vouloir être soulagé de ces hauts et de ces bas qui constituent la vie même augmente de façon exponentielle le niveau de stress, de ressentis douloureux, de ressentiments jusqu’aux pathologies dites psychosomatiques.
C’est dans notre système nerveux lui-même que ce langage -cette logique- est inscrit.
Nous existons imprégnés de nos systèmes de survie, ceux qui, naturellement, se sont écrits dans notre corps lors de nos toutes premières années.
Ceci est normal.
Ce qui épuise notre esprit puis nos corps, c’est de méconnaitre ce système à l’œuvre. De le renier, le juger, ou à défaut le subir. C’est de rester sourd à ce langage vital et de se croire le pouvoir de le contrôler.
Notre corps esprit est comme notre planète bleue : il demande à être soulagé d’un abus de croissance forcenée qui consiste à piller ses ressources pour se sentir plus vivant que vivant.
Merci Coluche ! Vous vous souvenez de la lessive qui lave plus blanc que blanc ? Cela nous faisait rire parce que nous faisons pareil !
La terre peut devenir écologique quand nous deviendrons nous-même des êtres écologiques plus qu’économiques. A nous de voir.
Je vous souhaite de belles fêtes chaleureuses, riches en hauts et bas, vibrantes et coopératives !