Une rentrée ouverte sur le possible …
C’est la rentrée. Le petit Robert nous dit que ce mot vient de Préau, petit pré, enclos, pour perdre son sens d’origine et se transformer en cours intérieure, cloitre, prison, hôpital. Le mot évoque aussi un retour. Après la liberté des vacances, ce mot évoquerait-il un retour à une vie plus encadrée, avec des horaires et de nouveaux défis à relever ? Avec confiance en soi requise ?
C’est l’été, je bois un café sur ma chaise longue en regardant alentour. Une famille est là, avec son dernier né. Papa le tient sous les aisselles pour faire quelques pas, maman en face à quelques mètres. « Viens mon bébé » lui dit-elle. Papa le lâche et vaillamment le petit s’élance vers elle en faisant quelques pas. Maman recule, le petit s’étonne, ouvre grand les yeux, vacille puis tombe sur les fesses. Heureusement, la couche amortit la chute ! Une grimace pointe sur son visage, il semble qu’il va pleurer. Mais maman s’extasie « oh c’est bien mon Sacha, tu deviens grand. Viens voir maman mon cœur ». Et joignant le geste à la parole, elle lui ouvre grand les bras qu’elle tend vers lui. Un sourire se dessine sur le visage du petit, puis un grand rire. Il plante les deux mains au sol, relève ses fesses, puis lâche le sol et se relève tout entier. A nouveau il avance, papa l’encourage « vas-y, c’est bien, tu es presque arrivé ». Il continue en riant, tout tendu vers son but, les bras de maman. Il accélère, un peu château branlant, manque de tomber, mais les bras de maman l’accueillent et le soulèvent. Papa les rejoint, tous trois sourient et rient. Le jeu se répètera plusieurs fois.
Nous avons tous été ce bébé, confiant en nos capacités, inconscient des risques, juste prêt à les prendre. Que s’est dit-il donc passé pour qu’au fur et à mesure que nous grandissions, la confiance devienne une injonction plutôt qu’une ouverture sur le possible ? Qu’avons-nous ajouté qui nous rend si hésitant, doutant de nous ? Certes il y a la référence au connu. Nous emmagasinons dans notre système nerveux le résultat de nos expériences comme satisfaisant ou non satisfaisant. Mais est-ce tout ?
La Logique émotionnelle nous dit que la confiance en soi est structurelle, ontologique. Le corps s’appuie sur ses propres forces pour rétablir l’équilibre perdu, c’est le propre de l’homéostasie. Ainsi donc, structurellement, nous ne pouvons pas ne pas avoir confiance en soi.
Alors quoi ? D’où nous vient cette idée d’un manque de confiance en soi ? D’une idée justement, voire d’un idéal. L’idéal de toujours réussir, d’être toujours satisfait. Nous avons donc ajouté un « toujours » à la formule avoir confiance en soi. Ce qui n’est plus du tout la même chose : avoir toujours confiance en soi. Il est logique qu’à force de vouloir toujours la réussite, nous finissions par craindre l’échec.
Comment retrouver notre enthousiasme pour oser s’élancer ? Car nous avons tous osé, quelles que soient les circonstances, puisque nous savons tous marcher. Nous avons appris tant de choses déjà. Nous avons osé l’échec, plus ou moins consciemment, plus ou moins consentant. Cela a été plus ou moins facile… et possible.
La sécurité intérieure est un savant mélange entre ses ressources structurelles et le rapport à l’environnement. Mais plus nous regardons l’extérieur comme source de danger et d’imprévus, moins nous regardons nos ressources pour atteindre nos objectifs. Car il ne s’agit pas de se détourner de notre désir de réussite, mais bien de considérer le possible qui s’offre à nous. Cela demande d’oser le risque et une bonne dose de persévérance. Comme ce petit que nous avons été, nous sommes tombés, nous sommes relevés, tombés encore, et au fur et à mesure nos muscles se sont affermis, nos jambes nous ont portées, et aujourd’hui nous marchons sans nous poser de questions.
Nous pouvons voir la rentrée comme un retour vers le connu, ou bien comme une voie ouverte devant soi pour de nouvelles expériences avec la base solide de nos ressources, nos compétences et notre potentiel à dé-couvrir.
Nous vous souhaitons bonne route.