Le clin d’œil de l’été
Alors, prêts pour apprécier les délices de l’été, pour des vacances bénéfiques, pour profiter de temps à 2, en famille ou seul enfin ? Vous en rêvez ? Mais la coupure estivale, calée entre les 11 mois de charge mentale entre travail et soucis quotidiens, et celle des 11 mois du retour suffit-elle à répondre à notre attente de bien-être et de ressourcement ?
En termes de biologie, suffit-elle à activer le circuit de la récompense, promesse de joie, de partage, d’accord et de bonheur ? Regardons ça de plus près.
Cette pause annuelle est née de la nécessité de rassembler hommes, femmes et enfants autour des moissons, garantie de sécurité alimentaire pour la collectivité : tous les bras sont recrutés, chacun laisse ses travaux pour participer, écoliers comme artisans. Le circuit récompense s’activait en agissant pour remplir une tâche et les greniers. C’est l’époque où l’activité des hommes était encore calée sur le rythme de la nature : une alternance de période de croissance, yang — printemps et été — et donc d’activités et de période de préservation, yin — automne et hiver et donc de repos.
Et aujourd’hui ? L’homme industriel du milieu du XIX ème siècle a inversé cette loi naturelle pour s’activer toute l’année et faire une pause l’été. Alors comment activons-nous le circuit de la récompense ? Cesser d’agir, ne « rien » faire enfin n’est-il pas contraire au bon sens du système nerveux ? Si la société s’est organisée pour déléguer aux agriculteurs et éleveurs cette fonction essentielle de notre vie et survie, nous n’en sommes pas moins responsables de la façon dont nous répondons à ce temps. Qui est offert aux salariés et aux enfants et que s’offrent les autres, tant le besoin se fait sentir de vivre autre chose. Mais quoi plus précisément ?
Qu’est-ce que la logique émotionnelle peut nous révéler à ce sujet ?
Si nous nous inspirons de la grille de lecture du processus émotionnel, toute action tend à satisfaire naturellement, par automatisme et par apprentissage, le besoin d’existence non conscient et étendu en désir conscient. D’où les semailles, moissons, vendanges et autres récoltes en lien avec la vie. Ainsi, plutôt que de cesser de faire ce que nous faisons d’habitude tout au long de l’année, cette période peut être l’occasion de faire quelque chose qui va aussi satisfaire ce même besoin-désir. La question serait alors… cette année, quelle est l’action, voire l’effort, qui va satisfaire mon désir d’existence ?
Aie, j’ai écrit le mot qui vous semble peut-être incompatible avec les vacances… L’effort !
Car au regard de la biologie, au regard du sens du vivant, l’effort n’est pas de reproduire chaque jour les mêmes comportements (n’est-ce pas ce que nous faisons en reprenant les mêmes routes mentales et comportementales, automatisées et rassurantes jour après jour ?), mais de produire du neuf. D’apprendre, c’est-à-dire de prendre et d’amener à soi (le sens du préfixe « ap ») ce que nous découvrons et allons faire nôtre. Car l’effort a vocation de fortifier l’être. Et l’apprentissage est le pendant actif et conscient de nos réactions automatiques : leur point commun est de répondre au même besoin d’être, au même désir d’exister. Quand les réactions automatiques, inscrites dans notre patrimoine génétique sous la forme de la fuite (j’évite), de la lutte (je maitrise), du repli (je m’efface) ou de la captation (je consomme), l’apprentissage est la réponse au désir plus conscient d’avoir de quoi satisfaire notre sécurité, notre identité, notre accomplissement et notre plaisir.
Alors ces vacances ? Qu’allez-vous apprendre de neuf ? Car moins nous apprenons, moins nous mobilisons avec effort nos ressources, plus nous encourons le risque de reproduire les schémas de nos automatismes, de nos habitudes plus ou moins défensives. Et moins nous sommes capables de répondre aux nouveaux enjeux, ceux de la rentrée et… ceux liés aux bouleversements que nous avons en partie générés par habitude et négligence de ce qu’est réellement la vie.
Il nous faut apprendre pour devenirs mieux humains. Coûte que coûte. A commencer par apprendre comment fonctionne notre système nerveux, celui avec lequel nous existons dans notre monde, le monde intérieur et le monde extérieur dont nous sommes une partie. Cette connaissance est le pilier de notre capacité à agir avec cœur et intelligence plutôt que de réagir comme à l’accoutumée, pressé par le surgissement de l’événement.
Bel été à vous ! Au plaisir de vous retrouver ou vous rencontrer pour apprendre ensemble