Le compliment sous le regard de la L.E
Que nous soyons adulte ou enfant, que ce soit dans nos vies professionnelles, nos vies amoureuses ou nos vies familiales, comment comprendre que recevoir un compliment se traduise souvent par une gêne ou un embarras ?
Lorsque le compliment est donné, il vient révéler la manière dont nous le recevons.
Par son effet de surprise, il réactive un processus profond, émotionnel, très archaïque qui nous pousse à réagir : par exemple, nier ce qui a été donné par un « ce n’est rien », le réfuter ou encore l’accepter avec un timide « merci ». Autant de réactions plus fondées sur une logique de survie (la biologie) que sur une réflexion cognitive.
De plus, dans la mesure où le compliment est un regard d’évaluation que pose l’autre sur nous, il parle de l’effet qu’a sur nous ce regard. Il vient souligner une qualité, une puissance et par la même occasion, suggérer nos faiblesses, voire notre vulnérabilité.
Nous sommes alors amenés à nous questionner sur l’intention de son auteur :
- Est-ce un proche qui par sa parole de valorisation vient se narcissiser lui-même ?
- Est-ce un manager qui applique une simple technique pour être conforme à ce que ses supérieurs attendent de lui ?
- Est-ce un moyen pour l’émetteur d’attendre quelque chose en retour ?
Le compliment peut même entrainer un effet »d’addiction » quand notre attention est automatiquement orientée vers la reconnaissance ou une évaluation positive. Se manifestent en conséquence une angoisse du manque et une pression de performance : l’enfant, et plus tard l’adulte, s’imposent un certain niveau pour favoriser le compliment, la validation, le regard de l’autre aux dépens de la valeur de sa propre expérience.
L’autre n‘a même plus besoin de dire quoi que ce soit que nous nous demandons déjà si nous allons lui plaire au point de provoquer un compliment.
La Logique Émotionnelle, en nous renvoyant à porter attention à notre expérience, permet de déconstruire l’attente du regard de l’autre et du compliment.
L’un et l’autre se rencontrent : nous nous intéressons l’un à l’autre et nous portons notre attention ensemble sur l’acte qui a été fait, que ce soit dans le cadre professionnel ou personnel. Il s’agit alors d’une attention portée sur une réalisation que l’on peut regarder et qualifier ensemble, voire décortiquer ensemble. Il y a du concret, du réel que nous considérons alors comme fiable, donc comme source de sécurité, donc comme source de confiance.
Ce temps passé ensemble nous apprend quelle est notre singularité, notre distinction.
Prenons l’exemple d’un dessin d’enfant. Il est important pour le parent d’aller rencontrer l’enfant dans son expérience qu’il va valoriser. C’est là que l’enfant peut se sentir reconnu. On peut demander à l’enfant qu’est-ce qui a été le plus difficile à faire ? Pourquoi le bleu du ciel ? L’enfant peut alors se dire : « Il s’est passé quelque chose chez moi qui fait que je reçois ce regard et cette interrogation de la part de l’adulte. » Et ça, c’est vraiment édifiant, au meilleur sens du terme.
À cette attention sincère, répond en général quelque chose de l’ordre d’un plaisir partagé parce que dans le compliment, il y a une histoire de plaisir.
Il s’agit alors d’écouter vraiment la parole qui complimente. Puis de se laisser éprouver par elle. Être attentionné à l’expérience sensorielle présente, pouvoir écouter cette expérience sensorielle, fait que nous pouvons manifester de la gratitude envers l’autre : un sourire, un geste, un regard appuyé qui dit quelque chose de la façon dont nous accueillons tranquillement ce don qui nous est fait.