Gratitude
L’intelligence des émotions est à l’œuvre à chaque instant, avec une dimension corporelle, très animale : les sens en éveil, prêt à réagir, qui nous rappelle au présent, et une dimension plus mentale, à la fois, subie lorsqu’elle « s’emballe » (Nous pouvons nous y enfermer jusqu’à l’épuisement) et réfléchie lorsque nous ralentissons en conscience.
Ce matin, juste l’envie de m’arrêter quelques instants sur ce mot de « gratitude », le contempler, le déguster, le savourer et le partager avec vous à l’aune d’une récente expérience vécue, de la simple présence à ce qui est : avec toute la réflexion qui émerge naturellement et la simple ouverture à soi, ainsi qu’au monde environnant.
Quatre jours, quatre petites journées au milieu d’une étendue vierge à perte de vue sur le causse et d’un troupeau de chevaux sauvages, à observer la nature à l’œuvre, l’organisation et les relations entre ces équidés. D’un côté, les « familles » avec les étalons, les juments et les jeunes poulains et pouliches. L’étalon protège son groupe des visées d’autres étalons et le régule. Les juments veillent et éduquent les jeunes et parfois mènent le groupe vers d’autres pâturages ou points d’eau. Et puis, de l’autre côté, les groupes de « célibataires » réunissent des mâles devenus adultes « sans famille », chaque groupe a son chef et les jeunes jouent « à la bagarre ».
L’observation des chevaux dure des heures et le temps n’a pas de prise. Bercée par le vent, la lumière, quelques nuages et la perspective. Les sens sont en éveil jusqu’à en être saoule. Guettant le moindre détail, le moindre mouvement, les moindres changements de positions nous identifions chaque animal, son comportement et le sens de ses interactions.
Et là, au beau milieu de « nulle part », alors que je me pose milles questions : d’où viennent ces chevaux ? comment la paléogénétique peut nous éclairer sur l’évolution des espèces équines et la relation avec l’homme ? quel sens donner à leurs représentations rupestres ? que signifie « sauvages » ou « domestiques » ? pourquoi ne pas interagir avec eux, même pour des soins ? quels sont les biais de l’anthropomorphisme ? qu’est-ce que leur organisation et leur évolution nous apprend sur l’homme ? …, émerge une évidence : ils n’ont pas « besoin » de nous, la vie est là simplement !
J’en éprouve une immense Gratitude, comme une sensation chaleureuse et vibrante, un sentiment de plénitude et une profonde reconnaissance.
Quatre jours plus tard, j’anime un groupe d’une quinzaine de personnes dans le cadre d’un parcours de formation. Le deuxième jour, il est 16 heures, ils s’excusent et me font part de combien chacun se sent fatigué, épuisé, stressé. Les traits sont tirés et les postures sans énergie. Désemparée, ne sachant comment finir cette journée, mon ventre « se noue », quand me vient un calme profond et à nouveau une évidence : la « gratitude » !
Je les remercie et leurs propose de finir par l’écriture d’un mot de gratitude à chacun des participants. Après quelques réticences et hésitations, chacun se concentre et le changement s’opère petit à petit. Cela finit en échanges enthousiastes, en lecture apaisée, réfléchie et amusée…. GRATITUDE.
La gratitude nous reconnecte au moment présent, à nos sensations. Nous portons notre attention sur ce qui nous fait du bien, sur ce que nous apprécions. La gratitude c’est également ce sentiment de reconnaissance et d’affection envers une personne que je peux lui exprimer. Elle vient répondre à notre désir d’appartenance et de renforcement du lien avec l’autre.
La logique émotionnelle vient éclairer ces différents mouvements et langages des émotions au service de notre élan de vie. Gratitude !